L’industrie, un terrain de jeu incroyable pour les futurs talents
Il est un challenge quasi impossible à relever : présenter Simon Richir, Professeur à l’École Nationale Supérieure d’Arts et Métiers à Laval, en seulement quelques lignes ! Il est l’un des pionniers et des chercheurs les plus reconnus dans le domaine de la Réalité Virtuelle et ses applications concrètes, en France comme à l’international. Il est aussi Directeur Délégué de l’Institut Laval Arts et Métiers, Directeur Scientifique de Laval Virtual, Titulaire de la chaire Time to concept…
Mais s’il faut choisir un seul adjectif pour le décrire, la tâche devient plus aisée : passionné ! Passionné par la Réalité Virtuelle, passionné de la pédagogie par projets, passionné par le monde industriel… Ces différents domaines de prédilection, il les conjugue pour les mettre, avec pédagogie et convictions, au service de la formation de ses étudiants. Interview.
Au-delà de votre statut de référent mondial de la Réalité Virtuelle, peut-on dire que votre parcours est jalonné par la création de dispositifs pédagogiques innovants ?
Simon Richir : J’ai effectivement eu la chance de créer de nombreux masters dans le domaine du management des technologies virtuelles et interactives, soit à l’Université d’Angers, soit à l’Institut Laval Arts et Métiers. Tous ont pour point commun la pédagogie par projets. Je suis convaincu que l’expérimentation, l’expérience in situ, l’apprentissage de la théorie par la pratique sont les meilleurs moyens de préparer nos étudiants au monde du travail, et de faire coïncider leurs compétences avec le besoin réel des industries. Pour exemple, le Master Management des Technologies Interactives 3D (MTI 3D) que j’enseigne à mes étudiants à l’Institut Laval Arts et Métiers, propose en 2 ans pas moins de 11 projets et 11 mois de stage. Et ce type de pédagogie donne évidemment naissance à la création de nombreux dispositifs ! Les challenges étudiants /entreprises en font partie.
Parmi ces 11 projets, quelle est la place des French Fab Challenge ?
Simon Richir : Nous proposons 2 types de French Fab Challenge aux entreprises industrielles. Avec nos étudiants de M1, nous réalisons le Challenge Compétences, en partenariat avec Laval Mayenne Technopole. L’objectif est de résoudre des problématiques très concrètes rencontrées par les PMI grâce aux compétences de nos étudiants dans les domaines de la Réalité Virtuelle, de l’Intelligence Artificielle et autres technologies virtuelles et interactives. Avec nos étudiants de M2, nous proposons un French Fab Challenge intitulé MAYAM Time to Concept (MAYAM pour MAYenne Arts et Métiers, Time to Concept en référence à la Chaire dont Simon Richir est titulaire, ndlr).
Avec ce challenge, les intérêts pour les industriels sont aussi nombreux : consacrer une semaine à des sujets plus prospectifs et bénéficier du regard créatif et innovant de nos étudiants, pour imaginer des scenarii de développement à forte valeur stratégique.
Des exemples concrets de solutions préconisées par vos étudiants aux entreprises participantes ?
Simon Richir : J’en aurais des dizaines à vous donner ! Parmi les plus récents, il y a GYS, entreprise remarquable de la Mayenne, leader technologique mondial dans le domaine de l’électronique. Bruno Bouygues, PDG de GYS, a participé à la dernière édition du Challenge MAYAM Time To Concept.
Après avoir visité l’entreprise – une expérience d’ailleurs inédite pour nos étudiants, tant GYS est une vitrine de l’industrie du futur – l’équipe dédiée formée d’étudiants et leur référent (un enseignant chercheur ou un ingénieur de recherche) ont travaillé sur 2 sujets spécifiques. L’un, plus marketing, concernait le développement d’une visite 3D de l’entreprise. L’autre, plus prospectif, proposait un système de SAV virtuel à distance pour les machines de GYS dans le monde entier. Un French Fab Challenge à forte valeur ajoutée pour Bruno Bouygues !
Parmi les exemples plus anciens qui m’ont particulièrement marqué, je pense aux carrières du Groupe Pigeon. Les étudiants avaient prototypé différents dispositifs, l’un pour optimiser le trajet des camions dans l’une des carrières, à l’aide des technologies virtuelles. L’autre, là aussi plus prospectif, proposait une simulation virtuelle de ce que serait la carrière dans 100 ans, à la fin de son exploitation. Un super outil pour les municipalités, pour montrer ce que le partenariat avec le Groupe Pigeon laisserait comme empreinte sur le territoire (en l’occurrence, une base nautique).
Ces projets fictifs ont sensibilisé le Groupe Pigeon à la Réalité Virtuelle. 2 ans plus tard, il est revenu vers nous avec un besoin précis, à solutionner concrètement : quel outil virtuel créer pour convaincre la Préfecture de permettre au Groupe Pigeon d’exploiter une carrière 25 ans de plus ? En lieu et place des habituels plans de géomètre, nous avons conçu avec eux une véritable application permettant de voyager dans le temps, en donnant à voir ce que serait la carrière dans 25 ans.
Il y a aussi des sujets plus sociétaux, comme cette application proposée pour des enfants atteints d’autisme, les aidant à reconnaître les émotions de leur interlocuteur. Ou encore une application permettant au service pédo-psychiatrique de l’hôpital de Laval d’aider les jeunes à dépasser leurs difficultés. En d’autres termes, les challenges donnent beaucoup de sens aux compétences des étudiants !
Quelle image ont vos étudiants de l’industrie aujourd’hui ?
Simon Richir : Au premier abord, ils n’en ont pas vraiment une bonne image… mais c’est tout simplement parce qu’ils ne la connaissent pas ! Une fois qu’ils découvrent la réalité du monde industriel, ils changent d’avis. C’est principalement pour cette raison que les challenges sont formidables : ils donnent à voir aux étudiants le véritable visage de l’industrie. Innovante, connectée, avec des possibilités de développement infinies.
Au début de leur formation, nombreux sont les étudiants qui souhaitent s’orienter dans l’univers des jeux vidéos. Même si ce secteur peut leur sembler attractif, l’industrie est un terrain de jeu incroyable pour eux, et bien souvent, les carrières y sont plus enrichissantes. D’une part parce que les opportunités sont multiples, mais aussi parce que le potentiel d’innovation y est bien plus élevé ! Je le dis souvent à mes étudiants :
« Vous aimez le jeu ? Appliquez-en les codes dans l’univers industriel, par des applications ludiques et la création de mondes virtuels qui n’ont pas de limites ! »
Pour finir, si vous deviez faire la promotion de French Fab Challenge auprès des industriels, que leur diriez-vous ?
Simon Richir : Faites votre French Fab Challenge, sans hésiter, vous avez tout à y gagner ! Une pause précieuse pour prendre du recul sur votre entreprise, un regard neuf et innovant sur votre fonctionnement et / ou votre stratégie, des compétences de pointe en technologies virtuelles et interactives qui peuvent vous offrir de nouvelles perspectives, une image valorisée auprès des étudiants, pour votre marque employeur, et pour toute l’industrie en général… Bref, une expérience gagnante pour tous, et à tous les niveaux.