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Regards croisés : « Toutes les entreprises peuvent innover ! »

Charlotte DuvalChristian Travier

Organisé depuis 2011 par Laval Mayenne Technopole, le Challenge Compétences, qui s’est associé en 2020 à la dynamique French Fab Challenge, permet chaque année à une quinzaine d’entreprises mayennaises de mobiliser des étudiants du département pour susciter de nouveaux projets d’innovation. Fort de ce succès, le dispositif se déploie désormais en Sarthe. Nous sommes allés à la rencontre de  Christian Travier, directeur de Laval Mayenne Technopole, et Charlotte Duval, chargée d’accompagnement des entreprises, qui coordonne le Challenge Compétences.

Interview croisée de ces deux passionnés, qui nous partagent leurs points de vue sur les bénéfices de l’innovation pour toutes les entreprises.


Qu’est ce qui rend le dispositif Challenge Compétences unique et utile pour tous ceux qui y participent ?

Charlotte Duval  : Pour moi, c’est un programme gagnant à tout point de vue ! Pour les étudiants d’abord, qui bénéficient d’une première expérience professionnelle vraiment immersive car ils ont carte blanche. Pour les entreprises ensuite, qui prennent le temps de rompre avec leur quotidien et profitent d’un œil neuf et compétent, bousculant leurs habitudes. Pour les écoles enfin, qui professionnalisent leurs formations et renforcent les liens entre les mondes économique et académique.

Christian Travier : Tout à fait d’accord avec Charlotte ! Je voudrais juste insister sur un point. Lorsque nous avons lancé le Challenge Compétences en 2011, l’open innovation était encore très peu connue. On sait dorénavant quelles sont ses vertus ! L’innovation ne peut pas se limiter à un processus uniquement interne à l’entreprise : l’ouvrir au monde extérieur est nécessairement générateur de nouvelles et bonnes idées. L’écoute clients par exemple permet de faire performer son offre en s’adaptant au mieux à leurs besoins. La proximité avec des laboratoires de recherche permet d’aller sur des terrains encore inexplorés. Et bien, impliquer le monde des étudiants dans l’évolution de son entreprise est là aussi vecteur de valeur ajoutée : soit parce qu’ils ont une vision en phase avec celle des clients de demain, soit parce qu’ils ont des compétences différentes de celles que possède l’entreprise en interne.


Qui sont les entreprises participant au Challenge Compétences ?

Christian Travier : Il n’y a pas de profil type ! Pour certaines entreprises, c’est une immersion dans une première expérience d’innovation. Pour d’autres, ce n’est pas une première, mais une nouvelle façon d’aborder l’innovation. Une chose est certaine : toutes ressortent grandies de cette aventure !

Charlotte Duval : Effectivement, les entreprises sont toutes différentes mais elles partagent toutes quasiment un point commun : à la fin de leur Challenge Compétences, elles sont bluffées !  Surprises positivement par la qualité des recommandations faites par les étudiants, souvent bousculées dans leur routine, régulièrement séduites par les idées proposées. D’ailleurs, suite à une enquête menée pour les 10 ans du Challenge Compétences, 70 à 80 % des entreprises disent vouloir mettre en œuvre les projets proposés, et, dans la réalité, ce sont 33 projets qui ont été concrétisés depuis la naissance du challenge. (Pour plus d’infos sur les résultats de l’enquête, voir l’article « Bienvenue Challenge Compétences ! » ndlr)


L’innovation de manière générale est-elle un remède efficace aux nombreuses turbulences que nous traversons ?

Christian Travier : Pour filer la métaphore, plus qu’un remède, l’innovation est pour moi une hygiène de vie à adopter par toutes les entreprises ! On a souvent tendance à innover quand ça va mal, pourtant, anticiper le futur, pas de manière cyclique mais bien de manière permanente, c’est la clé de l’épanouissement économique. Bien sûr, c’est facile à dire, mais pas facile à faire quand on gère déjà un quotidien soutenu, avec « la tête dans le guidon ». Mais innover, c’est avant tout un état d’esprit. Si les entreprises prennent l’habitude, le réflexe d’interroger ce qu’elles font, d’adopter une posture positive face aux changements, l’innovation deviendra naturelle et source de développement. (Pour aller plus loin dans la réflexion autour de l’innovation, consultez l’excellent blog de Christian Travier, un pas dans l’inconnu ndlr)

Charlotte Duval : Je crois qu’il est important de rappeler que l’innovation ne se limite pas à des nouveautés technologiques. Innover, c’est avant tout s’intéresser aux attentes de ses clients et re-challenger constamment son offre pour y répondre le plus parfaitement possible. Et innovation n’est pas forcément synonyme de révolution : cela peut être simplement une nouvelle façon d’adresser une clientèle, une nouvelle façon de communiquer… il n’y a pas de petites idées !


Dans le cadre de Challenge Compétences, quelles innovations vous ont particulièrement touchés dernièrement ?

Charlotte Duval : Il y en a tellement… mais il faut faire un choix. Là, immédiatement, je pense à La Corévatine. Ce cuisinier-traiteur de Saint-Berthevin a évidemment fortement pâti de la crise sanitaire. Avec l’accompagnement des étudiants de l’IUT Laval en hygiène / qualité / communication / marketing, ils ont lancé, 1 mois après le challenge, leur « Confinebag », un système de repas à emporter. Ils ont eu le courage, en pleine tempête, de cibler une nouvelle clientèle, ce qui leur a permis de rebondir. Je pense aussi à Martin 3D, un cabinet de conseil, formation et bureau d’études spécialisé en carrosserie industrielle. Lors de leur Challenge Compétences, les étudiants de l’ESIEA, école d’ingénieurs dans les métiers du numérique, leur ont proposé de développer un outil logiciel sur tablette, pour faciliter le contrôle qualité des véhicules. Depuis, l’idée a fait son chemin et Martin 3D a créé une nouvelle entreprise dédiée à ce logiciel ! Je cite volontairement des TPE/PME pour affirmer haut et fort que l’innovation s’adresse vraiment à toutes les entreprises.


Le Challenge Compétences a fêté ses 10 ans en 2021. Quel intérêt pour votre dispositif de rejoindre la dynamique French Fab Challenge ?

Christian Travier : French Fab Challenge est une dynamique régionale, et il nous a paru tout à fait naturel de nous y associer. L’innovation n’est pas le pré-carré de tel ou tel acteur du développement économique : pour la diffuser le plus largement possible, il faut que nous unissions nos voix et nos forces ! Le Challenge Compétences est un dispositif bien rôdé, générateur de valeur ajoutée pour le territoire, et nous avons vraiment l’envie de transférer cette méthode au plus grand nombre. Nous l’avons d’ailleurs déjà fait en Sarthe : Le Mans Innovation organise dorénavant son propre Challenge Compétences pour son département ! Le dispositif dépasse d’ailleurs largement nos frontières : Charlotte a récemment animé 2 webinaires au niveau européen pour promouvoir la démarche.


Et si Laval Mayenne Technopole faisait son propre Challenge Compétences ?

Charlotte Duval : Et bien nous l’avons déjà fait ! Nous avons fait participer notre boutique Neoshop, qui vendait les innovations de start-up que nous accompagnions. Les propositions ont vraiment été bluffantes. Avec la création d’une borne de réalité virtuelle et un système d’hologramme… La barre était haute !

Publié le 29/09/2021
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