Spécialité : Energies
Grégory Duvalet est conseiller technologique en Réalité Virtuelle (RV), Réalité Augmentée (RA) et Intelligence Augmentée (IA) chez Clarté, le CRT de référence dans le domaine des technologies immersives basé à Laval. Mais c’est à Montoir de Bretagne, au sein du Technocampus Smart Factory de la Région des Pays de la Loire, qu’il prodigue ses conseils aux entreprises industrielles, afin qu’elles s’approprient les usages et les bénéfices des technologies immersives. Il nous raconte en quoi le Technocampus Smart Factory et ses salles immersives sont de véritables opportunités pour l’écosystème industriel ligérien.
Quelles sont les missions du Technocampus Smart Factory et quel y est votre rôle ?
Grégory Duvalet : Les Technocampus en Pays de la Loire, de manière générale, ont pour objectif de mettre à la disposition des entreprises des ressources technologiques, qui peuvent contribuer à leur compétitivité industrielle. Au Technocampus Smart Factory, grâce à nos équipements mutualisés de pointe, nous donnons l’opportunité aux industriels d’utiliser les technologies immersives pour optimiser leur chaîne de valeur, de la conception de machines, de produits, d’outils, à leur maintenance. Mon rôle est justement de sensibiliser les PME aux vertus des technologies immersives dans le domaine du manufacturing, de les conseiller et d’accompagner les utilisateurs de nos salles immersives dans leurs projets. Les compétences uniques et reconnues de Clarté dans ce domaine couplées aux équipements du Technocampus Smart Factory nous permettent vraiment d’offrir des services très qualitatifs aux industriels. Nous organisons également de nombreux événements, ou nous nous associons à des rendez-vous déjà existants, pour sensibiliser les industriels : des portes-ouvertes, des webinaires… et évidemment, le Laval Virtual qui a lieu cette année du 12 au 14 avril 2022 !
Justement, quels sont les intérêts des technologies immersives pour les PME industrielles et l’industrie en général ?
Grégory Duvalet : On peut concevoir une nouvelle usine en mode virtuel et en visualiser tous les espaces, tester de nouveaux process avant de les mettre réellement en œuvre, optimiser la conception d’une nouvelle machine, étudier l’ergonomie des postes de travail et tester les scénarios les plus qualitatifs pour les opérateurs, former ses salariés à de nouvelles méthodes… Il y a énormément d’applications industrielles !
Prenons l’entreprise Bobcat à Pontchâteau, leader industriel en conception, fabrication, commercialisation et distribution de matériel compact, que nous avons accompagnée. Nous avons récupéré leurs données 3D, pour les transposer en Réalité Virtuelle puis Bobcat a réuni toutes les parties prenantes du projet (ingénieurs, opérateurs, experts…) au Technocampus Smart Factory pour une séance immersive. Ils ont pu, en équipe, découvrir la machine à 360°, sous toutes ses coutures, à échelle 1.
Cela leur a permis de mieux se projeter, et donc de mieux échanger, de repérer des optimisations à effectuer… le tout sur une seule journée !
Une efficacité inégalée, qui s’est matérialisée par un gain de 4 mois sur la concrétisation du projet et l’économie d’un prototype réel ! La réalité virtuelle permet vraiment de tester, d’anticiper, d’optimiser, de faire évoluer des projets de manière agile, sans les contraintes des prototypes physiques, souvent coûteux et surtout peu évolutifs.
Que diriez-vous aux PME qui ne se sentent pas concernées ou qui n’osent pas aller vers ces technologies ?
Grégory Duvalet : Je me mets à leur place et je les comprends ! Il y a tellement de « buzzwords » en ce moment, tellement d’initiatives de part et d’autre et les technologies évoluent tellement vite qu’il est facile de s’y perdre !
L’offre du Technocampus Smart Factory a justement été imaginée pour leur permettre d’approcher ces technologies, simplement, avec un accompagnement de proximité.
Que ce soit pour faire le point avec des experts qui pourront d’ailleurs démystifier ces technologies, pour rester en veille sur l’industrie du futur ou bien pour tester nos équipements mutualisés ou se former à l’utilisation de ces technologies… Tout est fait pour leur faire découvrir le potentiel de l’immersif pour la croissance de leur industrie !
Le Challenge InnovAM : 1 semaine dédiée aux entreprises désirant innover !
Vianney Piron est enseignant chercheur énergétique depuis plus de 15 ans à l’Ecole nationale supérieure d’arts et métiers (ENSAM), sur le campus d’Angers, et, depuis peu, directeur adjoint en charge des formations. Le Challenge InnovAM, qui fait partie de la dynamique French Fab Challenge, il le connaît bien ! Il l’a d’abord expérimenté en tant qu’encadrant auprès des élèves ingénieurs. Et cette année, dans l’attente du retour de Carole Flouret, Responsable des relations entreprises, il l’organise ! Vianney nous partage les atouts de ce challenge formateur pour les étudiants et innovant pour les entreprises du territoire.
Comment est né le challenge InnovAM ?
Vianney Piron : Cela vient d’abord d’un état d’esprit. L’ENSAM a toujours eu à cœur de développer des relations très fortes avec les entreprises locales, pour co-construire des solutions innovantes, au service de leur croissance. Ensuite, cela s’explique par nos méthodes pédagogiques. Pour former nos élèves ingénieurs, il est indispensable qu’ils soient immergés dans des projets concrets, confrontés à des problématiques réelles, directement sur le terrain. 40 heures par semestre y sont dédiées dans leur programme. Avant la création du Challenge InnovAM, ces 40h s’étalaient sur 10 semaines, à raison de 4h par semaine : cela n’avançait pas assez vite, et surtout, ça ne mettait pas les élèves en conditions réelles et ne favorisait pas les collaborations avec les entreprises.
D’où l’idée de ce nouveau format : une semaine complète dédiée à résoudre une problématique d’innovation réellement rencontrée par une entreprise (ou une organisation quelle qu’elle soit). Nous nous sommes vraiment inspirés du challenge imaginé par l’Institut Arts et Métiers de Laval, qui depuis plus de 10 ans, organise le challenge MAYAM selon les mêmes modalités. Le Challenge InnovAM, pour « Innover avec Arts et Métiers » est ainsi né ! Plus difficile à organiser pour nous, mais beaucoup plus efficient pour nos entreprises et nos étudiants !
Quel type de problématiques sont soumis aux étudiants ?
Vianney Piron : Cela dépend vraiment des entreprises, c’est ça qui est génial pour eux ! Il peut s’agir de concevoir un nouveau produit, de revoir complètement une ligne de production… Du moment que cela mobilise leurs compétences techniques, organisationnelles et bien sûr leur capacité d’innovation, tout est permis !
Pour prendre un exemple concret, lors du dernier challenge InnovAM qui a eu lieu en décembre 2021, une entreprise partenaire de longue date a proposé aux élèves de travailler sur un problème bien précis : comment, au déchargement d’un convoyeur particulier, optimiser le « défilmage » des palettes ?
La question peut paraître simple mais en réalité, cela embarque un certain nombre de variables à prendre en compte : la sécurité des opérateurs, la qualité, la nature des matériaux… Je pense aussi à un autre projet qui consistait à repenser complément le poste de travail d’un opérateur à la suite d’un investissement dans une nouvelle machine industrielle : ici ce sont les notions de conditions de travail, de prévention des TMS et de la productivité dont il est question. On peut aussi être dans des logiques beaucoup plus organisationnelles, comme cette municipalité qui a interrogé nos étudiants sur de l’aménagement territorial et l’organisation de nouveaux flux !
Le Challenge InnovAM rencontre-t-il du succès auprès des entreprises ?
Vianney Piron : Beaucoup. Carole Flouret, notre Responsable des Relations Entreprises qui est en charge de l’organisation du challenge habituellement, n’a jamais rencontré de problèmes au niveau du nombre de problématiques à proposer à nos élèves ! Les entreprises y trouvent de nombreux intérêts. Le premier est bien sûr l’apport de solutions innovantes par rapport à des problématiques soit fondamentales pour elles, soit mises de côté par manque de temps. Parce qu’à la fin de la semaine, les élèves leur livrent de vraies recommandations, avec des solutions à mettre en œuvre. C’est aussi une véritable opportunité pour les industries de travailler leur marque employeur, en étant au plus près de nos élèves ingénieurs, dont le profil attire de nombreuses entreprises… Je crois également que c’est une sorte de bouffée d’air pour les équipes internes aux entreprises participantes : elles sortent de leur quotidien, se confrontent à des regards nouveaux et créatifs. Et ça, ça fait toujours du bien !
Certaines entreprises vont même jusqu’à proposer à nos étudiants de venir travailler sur leur projet in situ. Par exemple, un industriel avec qui nous collaborons depuis longtemps et de stature internationale accueille nos élèves sur site, les nourrit et les loge toute la semaine pour repenser avec eux des bouts de lignes de production, dans une démarche Kaizen. Immersion totale !
Notre prochain challenge InnovAM a lieu du 4 au 8 avril prochain, avec là encore des problématiques vraiment intéressantes. À nos étudiants d’être le plus créatifs possible !
Crédits photos : ENSAM
L’industrie : la tester, c’est l’adopter !
Céline Bourdin, dirigeante de CGMP, leader français des arts éphémères de la table, est une amoureuse de l’industrie. Tombée dedans dès son plus jeune âge, aux côtés de ses parents qui ont fondé l’entreprise familiale, elle perpétue les valeurs qui en ont fait la réussite : le Made in France, l’innovation et l’éco-responsabilité. Le costume d’ambassadrice de la French Fab en Pays de la Loire était donc taillé sur-mesure pour elle ! Peu épargnée par les crises qui se succèdent depuis 2 ans, Céline nous partage, malgré tout avec beaucoup d’optimisme et de passion, sa vision de l’industrie.
Comment allez-vous chez CGMP ?
Céline Bourdin : Et bien, avec les équipes, nous vivons actuellement une forme de renaissance ! Nous avons été durement frappés par la crise sanitaire, la fermeture des restaurants et la hausse des prix de l’énergie nous affecte pas mal également. Mais nous sommes vraiment dans une dynamique de renouveau. La saison de ski a été exceptionnelle, nous prévoyons de nouvelles collections colorées et bonnes pour le moral, la perspective de refaire des salons en présentiel nous réjouit pour sentir, toucher, voir les matières… Les épreuves que nous traversons décuplent notre capacité de résilience. Nous sommes tous fiers de nous lever le matin en sachant que chaque jour notre entreprise fabrique 10 millions de serviettes, nappes et autres produits d’arts de la table qui égayeront les repas des Français !
L’industrie a beaucoup souffert à cause des problèmes d’approvisionnement et de logistique. Le Made in France que vous prônez depuis des années est-il le remède ?
Céline Bourdin : Effectivement, ceux qui, comme nous, ont fait le choix de produire en France et de favoriser les partenariats avec des fournisseurs locaux ont été davantage préservés. Si nous avons souffert de la crise de notre côté, c’est que le plus gros de notre marché avait cessé son activité… ralentissant donc considérablement la nôtre. Ceci prouve que nous avons tous besoin des uns et des autres. Produire en France oui, c’est une évidence, j’en suis la plus fervente ambassadrice. Mais il faut aussi que nous réfléchissions à l’échelle de l’Europe. Prenons l’exemple actuel de la hausse des coûts de l’énergie, qui va impacter de nombreux industriels.
Si nous voulons être moins dépendants du reste du monde et arrêter de subir, il faut que nous pensions Europe, il faut que nous travaillons ensemble pour être plus forts.
Nous gagnerions aussi à collaborer sur des politiques d’éco-responsabilité par exemple.
Quel impact ont eu ces deux dernières années sur l’image qu’ont les Français de leur industrie ?
Céline Bourdin : Ces 2 dernières années ont redoré notre image, démontrant, par la force des choses, le caractère essentiel des industriels. Comme l’agriculture ! Mais il y a encore un gros travail de réenchantement, notamment auprès des jeunes, pour les inciter à nous rejoindre et à créer l’industrie de demain. Le French Fab Challenge est un excellent moyen de les immerger dans nos univers, et très souvent, ils sont conquis par ce qu’ils y découvrent. Dans nos industries digitales, on est parfois proche de l’expérience jeu vidéo ! Et puis nous agissons concrètement sur des thématiques qui leur sont chères, voire prioritaires dans leur quotidien, comme l’environnement, la qualité de vie au travail, l’inclusion… nous sommes de vrais laboratoires d’innovation ! Mais je crois que pour raconter tout ça, nous devrions laisser plus de place aux jeunes talents de l’industrie aujourd’hui. Nous, en tant qu’ambassadeurs, nous parlons avec notre coeur et notre amour de l’industrie, mais nous n’avons évidemment pas les mêmes codes, pas le même langage pour convaincre la nouvelle génération. Il y a aussi la question des usages – pourquoi ne communiquerions-nous pas sur TikTok pour faire la promotion de l’industrie ? – et des âges : c’est dès le CM1/CM2 que l’on peut agir pour ré-enchanter l’industrie !
Nos usines sont de vrais lieux de vie, en perpétuel mouvement : on y fabrique des choses, on y (res)sent des choses, on partage des sourires, des regards, des belles histoires… et toujours la fierté du travail bien fait. Une fois qu’on y a goûté, on ne peut plus s’en passer !
LES FOULÉES CRÉATIVES | NANTES Agogy met le feu avec Challenge Compétences !Il y a plus de 20 ans, le fondateur d’Agogy, Stéphane Legrand, alors formateur pour les Sapeurs-Pompiers de Paris fait un constat : l’ingénierie pédagogique pour performer, doit innover ! Il développe alors des approches ludiques, immersives… et efficaces. Fort de cette expérience, il crée PROINSEC, un cabinet conseil en prévention des risques usant des nouvelles technologies. Son développement connaît un tournant en 2015, lorsqu’il participe au Challenge Compétences, avec l’institut Laval Arts et Métiers et ses étudiants-ingénieurs.
Depuis, Agogy, créatrice de solutions de formations innovantes dans le domaine de la prévention des risques, est née. Stéphane Legrand nous raconte.
Pour commencer, qu’est-ce que l’innovation pour Agogy ?
Stéphane Legrand : Agogy porte l’innovation dans son ADN. C’est la contraction du terme « Andragogie », qui signifie « pratique de l’éducation des adultes », notre cœur d’activité. Nous le faisons de manière innovante car nous centrons véritablement nos formations sur l’humain, en nous appuyant sur toutes les opportunités offertes par les nouvelles technologies. Depuis des années, nous sommes convaincus qu’en créant des expériences concrètes, ludiques et interactives, nous augmenterons considérablement l’efficacité des formations. Et la réalité nous le prouve chaque jour chez Agogy !
Dans quelle mesure votre participation au Challenge Compétences a-t-elle contribué à la création d’Agogy ?
Stéphane Legrand : Après mon départ des Sapeurs-Pompiers de Paris, mon désir de révolutionner la formation pour aider ces héros du quotidien, et plus largement, pour prévenir des risques incendie, ne m’a jamais quitté. J’ai toujours eu ce rêve : mettre le feu littéralement dans les environnements de travail, pour former les stagiaires en situation réelle. Grâce au Challenge Compétences, en seulement une semaine, les étudiants-ingénieurs de l’Institut Arts et Métiers de Laval, l’ont réalisé : c’est avec eux qu’est né le 1er simulateur d’extinction des feux en réalité augmentée au monde, au stade démonstrateur. Le centre de ressources technologiques Clarté m’avait déjà fait découvrir la Réalité Augmentée et j’en ai vérifié les effets puissants en matière de formation. Tout s’est accéléré ensuite : le chiffre d’affaires de mon cabinet PROINSEC s’est considérablement développé, puis j’ai décidé de créer Agogy pour me concentrer encore davantage sur le développement de cette innovation mondiale, en collaboration avec Clarté. J’ai été incubé chez Laval Mayenne Technopole, bénéficié de nombreuses aides des Pays de la Loire, le PL2I par exemple, d’un prêt initiative Mayenne… Aujourd’hui, notre simulateur, baptisé XR FIRE TRAINER, permet de simuler un feu hyper réaliste interagissant avec l’environnement réel, jusqu’à en sentir l’odeur! C’est une fierté d’avoir créé cette combinaison de technologies unique au monde, au cœur de la Mayenne.
La réussite d’Agogy est vraiment liée à l’accompagnement de tout cet écosystème mayennais-ligérien et le Challenge Compétences en est la genèse.
Quelles sont les perspectives de développement pour Agogy ?
Stéphane Legrand : Elles sont nombreuses ! Notre outil va déjà permettre à de nombreux Sapeurs-pompiers de s’entraîner dans des conditions bien plus efficaces et immersives. Cette solution est d’ailleurs un vrai plus pour l’environnement, puisqu’on démultiplie les occasions de formation de manière virtuelle, mais en conservant la sensation du réel. D’un autre côté, plusieurs organismes de formation ont déjà fait l’acquisition de leur XR FIRE TRAINER. Nous accélérons désormais notre développement en France et visons demain l’international, notamment en Afrique et au Canada. Et après-demain, nous pourrons développer notre technologie sur d’autres problématiques de prévention ! Ce n’est que le début de l’aventure, et je tiens à remercier chaleureusement Laval Mayenne Technopole de m’avoir offert la possibilité de participer au Challenge Compétences et bien sûr tous les étudiants-ingénieurs, enseignants chercheurs de l’institut Laval Arts et Métiers.
Quand le Challenge Compétences permet de transformer des rêves en réalité…
Trioworld X ICAM : un partenariat gagnant / gagnantL’entreprise Trioworld, située à Ombrée-d’Anjou dans le Maine-et-Loire, fait partie du groupe suédois du même nom, leader européen des solutions de films en polyéthylène durables. Le site angevin est plus particulièrement spécialisé dans les films à destination du marché agricole (enrubannage, ensilage, film de paillage, de protection…) et produit 25 000 tonnes de films par an. Autre particularité de taille : le site se distingue par une avance significative dans le domaine du recyclage, dont il a fait l’un de ses piliers stratégiques. La recette ? Une très forte culture interne de la R&D, des investissements constants… et la capacité à s’entourer de compétences externes innovantes, dont font partie les étudiants ingénieurs de l’ICAM !
Thierry Gauchet, Directeur Général de Trioworld France, nous présente les bénéfices de ce partenariat gagnant / gagnant.
L’industrie du plastique est en pleine mutation. Comment Trioworld se positionne par rapport à ces enjeux de durabilité ?
Thierry Gauchet : Chez Trioworld, la prise de conscience de cette nécessaire transformation ne date pas d’hier : nous étions précurseurs en ouvrant notre première usine de recyclage en 1985, et nous avons accéléré significativement cette politique depuis une dizaine d’années. Nous avons d’ailleurs obtenu plusieurs éco-certifications dont le très exigeant label Blue Angel pour nos films d’ensilage, grâce au développement de l’usage de matières plastiques recyclées. Nous sommes convaincus que des solutions durables et rentables sont possibles pour notre marché, et nous investissons beaucoup en R&D sur le sujet. Notre ambition, pour faire simple : reconvertir un maximum de plastique usagé en le recyclant, puis en l’extrudant, pour la réintroduire dans nos cycles de production. Il y a bien évidemment un enjeu environnemental, que nous connaissons tous, mais aussi un enjeu de souveraineté et d’indépendance par rapport aux producteurs de matières qui sont de plus en plus hors d’Europe.
Grâce à nos convictions et nos investissements, sur les 25 000 tonnes annuelles que nous produisons, nous réintroduisons 9000 tonnes regranulées dans nos produits. C’est une véritable fierté pour tous nos collaborateurs, qui inspirent nos homologues scandinaves, pourtant souvent plus en avance que la France sur ces sujets clés.
Vous challengez régulièrement les étudiants de l’ICAM pour innover sur des projets liés au recyclage : pouvez-vous nous raconter ?
Thierry Gauchet : Cela fait près de 5 ans que nous travaillons avec différentes équipes d’étudiants de l’ICAM. Nous faisons souvent appel à leurs compétences et à leurs regards pour conforter notre avance stratégique en matière de recyclage. Le dernier projet en date concerne la conception d’une ligne de tri entièrement automatisée, grâce à un assemblage inédit de technologies. Avec cette innovation, nous visons un triple objectif : affiner encore plus la qualité du tri, accroître sa vitesse, autrement dit la rentabilité, mais aussi réduire la pénibilité de ce travail manuel, particulièrement fastidieux pour les opérateurs. Le robotiser au maximum et réserver les compétences de nos collaborateurs à des tâches à plus forte valeur ajoutée était une évidence pour nous. Les étudiants de l’ICAM nous ont permis d’aller plus vite et de mener à bien à ce projet : la ligne de tri est en train d’être testée, avant d’être déployée et même brevetée.
Les élèves ingénieurs de l’ICAM me surprennent chaque fois davantage par leur implication, leur professionnalisme et leur volonté de faire grandir nos projets. Pour illustrer, nous avons pu tester grâce à eux de nombreuses technologies pour notre ligne de tri, par leurs échanges avec des partenaires potentiels à l’échelle européenne. Ils se sont même déplacés en Allemagne et en Autriche pour comparer et évaluer les différentes solutions. Les compétences qu’ils développent au sein de l’ICAM, l’encadrement dont ils bénéficient, et la culture industrielle de l’école sont aussi de véritables atouts.
Recommanderiez-vous à vos homologues industriels de vous entourer de compétences et d’inspirations étudiantes ?
Thierry Gauchet : Tout à fait ! En matière d’innovation, c’est un vrai plus ; une ouverture d’esprit et une vision « fraîche » sur des sujets centraux. C’est aussi un moyen de multiplier les opportunités d’innovation, car, même si certains projets menés avec les étudiants n’aboutissent pas, nous collectons de la donnée pour de futurs sujets, nous défrichons des territoires sur lesquels nous n’avons pas forcément le temps ou l’habitude d’aller… C’est aussi très bénéfique pour nos équipes en interne : ils se ressourcent auprès des étudiants. Ils s’ouvrent, sortent de leur quotidien, restent en veille et cultivent aussi le plaisir qu’ils ont à transmettre leurs savoirs, leurs expériences. Car il ne faut pas se tromper, pour que le partenariat soit gagnant / gagnant, il faut s’impliquer auprès des étudiants. Leur laisser suffisamment de liberté pour qu’ils puissent exprimer leur créativité, tout en leur donnant un cadre pour participer à leur formation et évidemment, obtenir des résultats positifs de leurs contributions. Cela nous demande de l’agilité et de l’investissement, mais le résultat vaut vraiment le coup !
Une nouvelle illustration des atouts de la dynamique French Fab Challenge.
ICAM OUEST | NANTES & VENDÉE CAMPUS ANGERS | ARTS ET METIERS SODISTRA X ICAM : cas d’école d’une collaboration fructueuse !Preuve des bénéfices de s’allier avec le monde académique, l’Icam Ouest a conçu, avec ses étudiants ingénieurs, un outil de modélisation thermique permettant à Sodistra, spécialiste des solutions de traitement de l’air, de capter de nouveaux marchés.
Sodistra est partenaire de l’école d’ingénieurs à Nantes depuis 2018, avec des ambitions claires : booster son activité recherche & développement pour conserver sa position de leader sur le marché, et s’ouvrir à d’autres segments. Et ça marche ! Depuis la mise en place de cette collaboration, Sodistra a pu bénéficier des fruits de travaux à forte valeur ajoutée :
- Une étude des performances énergétiques de ses produits
- Une étude sur les performances d’un nouveau matériau
- La mise au point de ce fameux outil 3D de modélisation thermique et mécanique pour créer des modèles de prévision du comportement de ses produits dans des conditions réelles. Un atout de poids pour l’aide à la décision des dirigeants lorsque Sodistra répond à des appels d’offres !
Comment ça marche ?
L’Icam Ouest, site de Nantes, dispose d’un pôle « Services aux entreprises » qui accompagne chaque année des dizaines d’industriels dans l’optimisation de leurs performances et le développement d’innovations technologiques. Les étudiants de 5ème année y participent activement dans le cadre de leur mémoire de fin d’études, pour lequel ils travaillent sur une problématique d’entreprise en tant qu’ingénieurs projets pendant 6 mois. Pour Sodistra, ce sont 8 élèves ingénieurs, accompagnés des chefs de projets et experts salariés de l’Icam Ouest qui se sont mobilisés.
Pas étonnant que Sodistra s’appuie en toute confiance sur les compétences des jeunes talents. Son président, Erwan Coatanéa, ambassadeur de la French Fab, est intimement convaincu qu’« il faut prendre de l’élan et partir à la conquête de nouvelles ressources, compétences et envies ». Une démarche qu’il juge indispensable à la bonne santé des industries françaises. (À lire : l’interview d’Erwan Coatanéa sur le site de la French Fab)
L’expérience Sodistra démontre en plus que c’est une collaboration gagnante / gagnante : les élèves ingénieurs acquièrent une expérience unique grâce à des projets concrets et porteurs, à valoriser dès leur fin d’études ; l’industriel en retire soit un regard neuf, soit des solutions innovantes, le différenciant sur son marché. À l’image de French Fab Challenge !