SAH Leduc modernise ses process industriels et logistiques

Acteur majeur sur le marché du vérin hydraulique, la société SAH Leduc, installée à Ligné en Loire-Atlantique, a engagé la modernisation de son organisation et de ses outils industriels et logistiques. Elle est accompagnée dans la phase de déploiement opérationnel de ce projet par le dispositif AMI du futur de la Région des Pays de la Loire, sous la forme d’un prêt.

 


Chaque année, SAH Leduc conçoit et réalise 200 000 à 220 000 vérins hydrauliques pour la fabrication de machines, telles que des engins de construction et de manutention industrielles, des machines agricoles… L’entreprise, qui emploie 250 salariés pour un chiffre d’affaires d’environ 50 M€ en 2023, dispose de 33 000 m² d’usines couvertes, réparties sur deux sites :  Ligné et Les Touches, en Loire-Atlantique. Fondée en 1945 par Bernard Leduc et développée par son fils Joël Leduc, cette PME presque octogénaire a été reprise en 2021 par un le groupe industriel français Aria Industries, présidé par Pierre-Antoine Quigogne.

 Photo : SAH Leduc


Le projets PILS

A la suite de son rachat, l’entreprise dirigée par Hervé Jouannic a mené une étude sur son organisation, en plaçant les salariés au cœur de la démarche. Ces derniers ont, en effet, été consultés, via un questionnaire, pour identifier à partir des remontées du terrain ce qui fonctionnait et les pistes d’amélioration. Cette analyse a débouché, en juin 2022, sur le lancement et la présentation devant l’ensemble des collaborateurs du projet PILS, pour Projet Industriel Logistique SAH Leduc. Depuis, les salariés sont régulièrement tenus informés de son avancement.

Le projet PILS comporte plusieurs volets. Le premier concerne le regroupement de la production sur le seul site de Ligné, pour rationaliser l’outil industriel et diminuer l’empreinte énergétique. Par ailleurs, l’organisation de la production a été revue, passant d’un travail en lignes de fabrication à un rassemblement des métiers par pôles : usinage, soudage, peinture… « De cette façon, on privilégie la polyvalence des équipes et on regroupe les compétences au même endroit. Cela donne de la flexibilité », explique Hervé Jouannic. Parallèlement, l’outil industriel est modernisé avec l’achat de nouveaux équipements et la digitalisation des ateliers engagée pour éliminer le papier.


Un prêt dans le cadre de l’AMI Industrie du futur

Si SAH Leduc a financé les deux premières phases du projet (étude et test) avec ses propres ressources, elle est accompagnée aujourd’hui par le dispositif AMI Industrie du futur pour le déploiement opérationnel. L’entreprise avait, en effet, besoin d’un financement, notamment, pour investir dans une ligne de peinture. En plus de financements bancaires, elle a obtenu un prêt non affecté de 300 000 euros, assorti d’un différé d’amortissement du capital. « Ce soutien fort nous a permis de financer notre investissement, tout en accélérant sur la partie digitalisation. Le différé de deux ans est vraiment intéressant, car il permet de rembourser seulement quand on commence à bénéficier des fruits de l’investissement », souligne le dirigeant.


SAH Leduc en chiffres

. 250 salariés

. 50 M€ de CA en 2023

. 200 000 à 220 000 vérins hydrauliques produits chaque année


L’AMI Industrie du futur pour renforcer la compétitivité des entreprises industrielles des Pays de la Loire

Créé par la région des Pays de la Loire, l’AMI (Appel à Manifestation d’Intérêt) Industrie du futur est un dispositif qui a pour objectif de renforcer la compétitivité des PMI régionales par la transformation/modernisation de leur outil de production. Depuis 2023, il intègre également une dimension de transition écologique.

Conçu dans une logique de parcours, il comprend 3 phases :

  • Diagnostic-Etude de faisabilité,
  • Preuve du concept et expérimentation,
  • Déploiement et intégration.

Depuis sa création en 2017, 350 entreprises industrielles ont été accompagnées par le dispositif (hors 2024).

Vous avez un projet, vous souhaitez vous renseigner sur ce dispositif d’aide : contacter le développeur économique de Solutions&co de votre secteur. Accompagnement 360° – Vos contacts – Solutions&Co Pays de la Loire (solutions-eco.fr)

ISG Challenge ESSCA 2023 ESSCA | SCHOOL OF MANAGEMENT Design4Green by ESAIP Challenge ESSCA 2022 En immersion au Technocampus Smart Factory

Grégory Duvalet est conseiller technologique en Réalité Virtuelle (RV), Réalité Augmentée (RA) et Intelligence Augmentée (IA) chez Clarté, le CRT de référence dans le domaine des technologies immersives basé à Laval. Mais c’est à Montoir de Bretagne, au sein du Technocampus Smart Factory de la Région des Pays de la Loire, qu’il prodigue ses conseils aux entreprises industrielles, afin qu’elles s’approprient les usages et les bénéfices des technologies immersives. Il nous raconte en quoi le Technocampus Smart Factory et ses salles immersives sont de véritables opportunités pour l’écosystème industriel ligérien.


Quelles sont les missions du Technocampus Smart Factory et quel y est votre rôle ?

Grégory Duvalet : Les Technocampus en Pays de la Loire, de manière générale, ont pour objectif de mettre à la disposition des entreprises des ressources technologiques, qui peuvent contribuer à leur compétitivité industrielle. Au Technocampus Smart Factory, grâce à nos équipements mutualisés de pointe, nous donnons l’opportunité aux industriels d’utiliser les technologies immersives pour optimiser leur chaîne de valeur, de la conception de machines, de produits, d’outils, à leur maintenance. Mon rôle est justement de sensibiliser les PME aux vertus des technologies immersives dans le domaine du manufacturing, de les conseiller et d’accompagner les utilisateurs de nos salles immersives dans leurs projets. Les compétences uniques et reconnues de Clarté dans ce domaine couplées aux équipements du Technocampus Smart Factory nous permettent vraiment d’offrir des services très qualitatifs aux industriels. Nous organisons également de nombreux événements, ou nous nous associons à des rendez-vous déjà existants, pour sensibiliser les industriels : des portes-ouvertes, des webinaires… et évidemment, le Laval Virtual qui a lieu cette année du 12 au 14 avril 2022 !


Justement, quels sont les intérêts des technologies immersives pour les PME industrielles et l’industrie en général ?

Grégory Duvalet : On peut concevoir une nouvelle usine en mode virtuel et en visualiser tous les espaces, tester de nouveaux process avant de les mettre réellement en œuvre, optimiser la conception d’une nouvelle machine, étudier l’ergonomie des postes de travail et tester les scénarios les plus qualitatifs pour les opérateurs, former ses salariés à de nouvelles méthodes… Il y a énormément d’applications industrielles !

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Prenons l’entreprise Bobcat à Pontchâteau, leader industriel en conception, fabrication, commercialisation et distribution de matériel compact, que nous avons accompagnée. Nous avons récupéré leurs données 3D, pour les transposer en Réalité Virtuelle puis Bobcat a réuni toutes les parties prenantes du projet (ingénieurs, opérateurs, experts…) au Technocampus Smart Factory pour une séance immersive. Ils ont pu, en équipe, découvrir la machine à 360°, sous toutes ses coutures, à échelle 1.

 

Cela leur a permis de mieux se projeter, et donc de mieux échanger, de repérer des optimisations à effectuer… le tout sur une seule journée !

Une efficacité inégalée, qui s’est matérialisée par un gain de 4 mois sur la concrétisation du projet et l’économie d’un prototype réel ! La réalité virtuelle permet vraiment de tester, d’anticiper, d’optimiser, de faire évoluer des projets de manière agile, sans les contraintes des prototypes physiques, souvent coûteux et surtout peu évolutifs.


Que diriez-vous aux PME qui ne se sentent pas concernées ou qui n’osent pas aller vers ces technologies ?

Grégory Duvalet : Je me mets à leur place et je les comprends ! Il y a tellement de « buzzwords » en ce moment, tellement d’initiatives de part et d’autre et les technologies évoluent tellement vite qu’il est facile de s’y perdre !

L’offre du Technocampus Smart Factory a justement été imaginée pour leur permettre d’approcher ces technologies, simplement, avec un accompagnement de proximité.

Que ce soit pour faire le point avec des experts qui pourront d’ailleurs démystifier ces technologies, pour rester en veille sur l’industrie du futur ou bien pour tester nos équipements mutualisés ou se former à l’utilisation de ces technologies… Tout est fait pour leur faire découvrir le potentiel de l’immersif pour la croissance de leur industrie !

Le Challenge InnovAM : 1 semaine dédiée aux entreprises désirant innover !

VIANNEY PIRON

 

Vianney Piron est enseignant chercheur énergétique depuis plus de 15 ans à l’Ecole nationale supérieure d’arts et métiers (ENSAM), sur le campus d’Angers, et, depuis peu, directeur adjoint en charge des formations. Le Challenge InnovAM, qui fait partie de la dynamique French Fab Challenge, il le connaît bien ! Il l’a d’abord expérimenté en tant qu’encadrant auprès des élèves ingénieurs. Et cette année, dans l’attente du retour de Carole Flouret, Responsable des relations entreprises, il l’organise ! Vianney nous partage les atouts de ce challenge formateur pour les étudiants et innovant pour les entreprises du territoire.

 


Comment est né le challenge InnovAM ?

Vianney Piron : Cela vient d’abord d’un état d’esprit. L’ENSAM a toujours eu à cœur de développer des relations très fortes avec les entreprises locales, pour co-construire des solutions innovantes, au service de leur croissance. Ensuite, cela s’explique par nos méthodes pédagogiques. Pour former nos élèves ingénieurs, il est indispensable qu’ils soient immergés dans des projets concrets, confrontés à des problématiques réelles, directement sur le terrain. 40 heures par semestre y sont dédiées dans leur programme. Avant la création du Challenge InnovAM, ces 40h s’étalaient sur 10 semaines, à raison de 4h par semaine : cela n’avançait pas assez vite, et surtout, ça ne mettait pas les élèves en conditions réelles et ne favorisait pas les collaborations avec les entreprises.

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D’où l’idée de ce nouveau format : une semaine complète dédiée à résoudre une problématique d’innovation réellement rencontrée par une entreprise (ou une organisation quelle qu’elle soit). Nous nous sommes vraiment inspirés du challenge imaginé par l’Institut Arts et Métiers de Laval, qui depuis plus de 10 ans, organise le challenge MAYAM selon les mêmes modalités. Le Challenge InnovAM, pour « Innover avec Arts et Métiers » est ainsi né ! Plus difficile à organiser pour nous, mais beaucoup plus efficient pour nos entreprises et nos étudiants !


Quel type de problématiques sont soumis aux étudiants ?

Vianney Piron : Cela dépend vraiment des entreprises, c’est ça qui est génial pour eux ! Il peut s’agir de concevoir un nouveau produit, de revoir complètement une ligne de production… Du moment que cela mobilise leurs compétences techniques, organisationnelles et bien sûr leur capacité d’innovation, tout est permis !

Pour prendre un exemple concret, lors du dernier challenge InnovAM qui a eu lieu en décembre 2021, une entreprise partenaire de longue date a proposé aux élèves de travailler sur un problème bien précis : comment, au déchargement d’un convoyeur particulier, optimiser le « défilmage » des palettes ?

La question peut paraître simple mais en réalité, cela embarque un certain nombre de variables à prendre en compte : la sécurité des opérateurs, la qualité, la nature des matériaux… Je pense aussi à un autre projet qui consistait à repenser complément le poste de travail d’un opérateur à la suite d’un investissement dans une nouvelle machine industrielle : ici ce sont les notions de conditions de travail, de prévention des TMS et de la productivité dont il est question. On peut aussi être dans des logiques beaucoup plus organisationnelles, comme cette municipalité qui a interrogé nos étudiants sur de l’aménagement territorial et l’organisation de nouveaux flux !


Le Challenge InnovAM rencontre-t-il du succès auprès des entreprises ?

Vianney Piron : Beaucoup. Carole Flouret, notre Responsable des Relations Entreprises qui est en charge de l’organisation du challenge habituellement, n’a jamais rencontré de problèmes au niveau du nombre de problématiques à proposer à nos élèves ! Les entreprises y trouvent de nombreux intérêts. Le premier est bien sûr l’apport de solutions innovantes par rapport à des problématiques soit fondamentales pour elles, soit mises de côté par manque de temps. Parce qu’à la fin de la semaine, les élèves leur livrent de vraies recommandations, avec des solutions à mettre en œuvre. C’est aussi une véritable opportunité pour les industries de travailler leur marque employeur, en étant au plus près de nos élèves ingénieurs, dont le profil attire de nombreuses entreprises… Je crois également que c’est une sorte de bouffée d’air pour les équipes internes aux entreprises participantes : elles sortent de leur quotidien, se confrontent à des regards nouveaux et créatifs. Et ça, ça fait toujours du bien !

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Certaines entreprises vont même jusqu’à proposer à nos étudiants de venir travailler sur leur projet in situ. Par exemple, un industriel avec qui nous collaborons depuis longtemps et de stature internationale accueille nos élèves sur site, les nourrit et les loge toute la semaine pour repenser avec eux des bouts de lignes de production, dans une démarche Kaizen. Immersion totale !

 

Notre prochain challenge InnovAM a lieu du 4 au 8 avril prochain, avec là encore des problématiques vraiment intéressantes. À nos étudiants d’être le plus créatifs possible !

 

 

Crédits photos : ENSAM

L’industrie : la tester, c’est l’adopter !

 

Céline Bourdin, dirigeante de CGMP, leader français des arts éphémères de la table, est une amoureuse de l’industrie. Tombée dedans dès son plus jeune âge, aux côtés de ses parents qui ont fondé l’entreprise familiale, elle perpétue les valeurs qui en ont fait la réussite : le Made in France, l’innovation et l’éco-responsabilité. Le costume d’ambassadrice de la French Fab en Pays de la Loire était donc taillé sur-mesure pour elle ! Peu épargnée par les crises qui se succèdent depuis 2 ans, Céline nous partage, malgré tout avec beaucoup d’optimisme et de passion, sa vision de l’industrie.

 


Comment allez-vous chez CGMP ?

Céline Bourdin : Et bien, avec les équipes, nous vivons actuellement une forme de renaissance ! Nous avons été durement frappés par la crise sanitaire, la fermeture des restaurants et la hausse des prix de l’énergie nous affecte pas mal également. Mais nous sommes vraiment dans une dynamique de renouveau. La saison de ski a été exceptionnelle, nous prévoyons de nouvelles collections colorées et bonnes pour le moral, la perspective de refaire des salons en présentiel nous réjouit pour sentir, toucher, voir les matières… Les épreuves que nous traversons décuplent notre capacité de résilience. Nous sommes tous fiers de nous lever le matin en sachant que chaque jour notre entreprise fabrique 10 millions de serviettes, nappes et autres produits d’arts de la table qui égayeront les repas des Français !


L’industrie a beaucoup souffert à cause des problèmes d’approvisionnement et de logistique. Le Made in France que vous prônez depuis des années est-il le remède ?

Céline Bourdin : Effectivement, ceux qui, comme nous, ont fait le choix de produire en France et de favoriser les partenariats avec des fournisseurs locaux ont été davantage préservés. Si nous avons souffert de la crise de notre côté, c’est que le plus gros de notre marché avait cessé son activité… ralentissant donc considérablement la nôtre. Ceci prouve que nous avons tous besoin des uns et des autres. Produire en France oui, c’est une évidence, j’en suis la plus fervente ambassadrice. Mais il faut aussi que nous réfléchissions à l’échelle de l’Europe. Prenons l’exemple actuel de la hausse des coûts de l’énergie, qui va impacter de nombreux industriels.

Si nous voulons être moins dépendants du reste du monde et arrêter de subir, il faut que nous pensions Europe, il faut que nous travaillons ensemble pour être plus forts.

Nous gagnerions aussi à collaborer sur des politiques d’éco-responsabilité par exemple.


Quel impact ont eu ces deux dernières années sur l’image qu’ont les Français de leur industrie ?

Céline Bourdin : Ces 2 dernières années ont redoré notre image, démontrant, par la force des choses, le caractère essentiel des industriels. Comme l’agriculture ! Mais il y a encore un gros travail de réenchantement, notamment auprès des jeunes, pour les inciter à nous rejoindre et à créer l’industrie de demain. Le French Fab Challenge est un excellent moyen de les immerger dans nos univers, et très souvent, ils sont conquis par ce qu’ils y découvrent. Dans nos industries digitales, on est parfois proche de l’expérience jeu vidéo ! Et puis nous agissons concrètement sur des thématiques qui leur sont chères, voire prioritaires dans leur quotidien, comme l’environnement, la qualité de vie au travail, l’inclusion… nous sommes de vrais laboratoires d’innovation ! Mais je crois que pour raconter tout ça, nous devrions laisser plus de place aux jeunes talents de l’industrie aujourd’hui. Nous, en tant qu’ambassadeurs, nous parlons avec notre coeur et notre amour de l’industrie, mais nous n’avons évidemment pas les mêmes codes, pas le même langage pour convaincre la nouvelle génération. Il y a aussi la question des usages – pourquoi ne communiquerions-nous pas sur TikTok pour faire la promotion de l’industrie ? – et des âges : c’est dès le CM1/CM2 que l’on peut agir pour ré-enchanter l’industrie !

Nos usines sont de vrais lieux de vie, en perpétuel mouvement : on y fabrique des choses, on y (res)sent des choses, on partage des sourires, des regards, des belles histoires… et toujours la fierté du travail bien fait. Une fois qu’on y a goûté, on ne peut plus s’en passer !

Agogy met le feu avec Challenge Compétences !

Il y a plus de 20 ans, le fondateur d’Agogy, Stéphane Legrand, alors formateur pour les Sapeurs-Pompiers de Paris fait un constat : l’ingénierie pédagogique pour performer, doit innover ! Il développe alors des approches ludiques, immersives… et efficaces. Fort de cette expérience, il crée PROINSEC, un cabinet conseil en prévention des risques usant des nouvelles technologies. Son développement connaît un tournant en 2015, lorsqu’il participe au Challenge Compétences, avec l’institut Laval Arts et Métiers et ses étudiants-ingénieurs.

Depuis, Agogy, créatrice de solutions de formations innovantes dans le domaine de la prévention des risques, est née. Stéphane Legrand nous raconte.

 

Pour commencer, qu’est-ce que l’innovation pour Agogy ?

Stéphane Legrand : Agogy porte l’innovation dans son ADN. C’est la contraction du terme « Andragogie », qui signifie « pratique de l’éducation des adultes », notre cœur d’activité. Nous le faisons de manière innovante car nous centrons véritablement nos formations sur l’humain, en nous appuyant sur toutes les opportunités offertes par les nouvelles technologies. Depuis des années, nous sommes convaincus qu’en créant des expériences concrètes, ludiques et interactives, nous augmenterons considérablement l’efficacité des formations. Et la réalité nous le prouve chaque jour chez Agogy !

Dans quelle mesure votre participation au Challenge Compétences a-t-elle contribué à la création d’Agogy ?

Stéphane Legrand : Après mon départ des Sapeurs-Pompiers de Paris, mon désir de révolutionner la formation pour aider ces héros du quotidien, et plus largement, pour prévenir des risques incendie, ne m’a jamais quitté. J’ai toujours eu ce rêve : mettre le feu littéralement dans les environnements de travail, pour former les stagiaires en situation réelle. Grâce au Challenge Compétences, en seulement une semaine, les étudiants-ingénieurs de l’Institut Arts et Métiers de Laval, l’ont réalisé : c’est avec eux qu’est né le 1er simulateur d’extinction des feux en réalité augmentée au monde, au stade démonstrateur. Le centre de ressources technologiques Clarté m’avait déjà fait découvrir la Réalité Augmentée et j’en ai vérifié les effets puissants en matière de formation. Tout s’est accéléré ensuite : le chiffre d’affaires de mon cabinet PROINSEC s’est considérablement développé, puis j’ai décidé de créer Agogy pour me concentrer encore davantage sur le développement de cette innovation mondiale, en collaboration avec Clarté. J’ai été incubé chez Laval Mayenne Technopole, bénéficié de nombreuses aides des Pays de la Loire, le PL2I par exemple, d’un prêt initiative Mayenne…  Aujourd’hui, notre simulateur, baptisé XR FIRE TRAINER, permet de simuler un feu hyper réaliste interagissant avec l’environnement réel, jusqu’à en sentir l’odeur! C’est une fierté d’avoir créé cette combinaison de technologies unique au monde, au cœur de la Mayenne.

La réussite d’Agogy est vraiment liée à l’accompagnement de tout cet écosystème mayennais-ligérien et le Challenge Compétences en est la genèse.

Quelles sont les perspectives de développement pour Agogy ?

Stéphane Legrand : Elles sont nombreuses ! Notre outil va déjà permettre à de nombreux Sapeurs-pompiers de s’entraîner dans des conditions bien plus efficaces et immersives. Cette solution est d’ailleurs un vrai plus pour l’environnement, puisqu’on démultiplie les occasions de formation de manière virtuelle, mais en conservant la sensation du réel. D’un autre côté, plusieurs organismes de formation ont déjà fait l’acquisition de leur XR FIRE TRAINER. Nous accélérons désormais notre développement en France et visons demain l’international, notamment en Afrique et au Canada. Et après-demain, nous pourrons développer notre technologie sur d’autres problématiques de prévention ! Ce n’est que le début de l’aventure, et je tiens à remercier chaleureusement Laval Mayenne Technopole de m’avoir offert la possibilité de participer au Challenge Compétences et bien sûr tous les étudiants-ingénieurs, enseignants chercheurs de l’institut Laval Arts et Métiers.

Quand le Challenge Compétences permet de transformer des rêves en réalité… 
Trioworld X ICAM : un partenariat gagnant / gagnant
Rethinking plastic
© Trioworld

L’entreprise Trioworld, située à Ombrée-d’Anjou dans le Maine-et-Loire, fait partie du groupe suédois du même nom, leader européen des solutions de films en polyéthylène durables. Le site angevin est plus particulièrement spécialisé dans les films à destination du marché agricole (enrubannage, ensilage, film de paillage, de protection…) et produit 25 000 tonnes de films par an. Autre particularité de taille : le site se distingue par une avance significative dans le domaine du recyclage, dont il a fait l’un de ses piliers stratégiques. La recette ? Une très forte culture interne de la R&D, des investissements constants… et la capacité à s’entourer de compétences externes innovantes, dont font partie les étudiants ingénieurs de l’ICAM !

 

Thierry Gauchet, Directeur Général de Trioworld France, nous présente les bénéfices de ce partenariat gagnant / gagnant.

 

L’industrie du plastique est en pleine mutation. Comment Trioworld se positionne par rapport à ces enjeux de durabilité ?

Thierry Gauchet : Chez Trioworld, la prise de conscience de cette nécessaire transformation ne date pas d’hier : nous étions précurseurs en ouvrant notre première usine de recyclage en 1985, et nous avons accéléré significativement cette politique depuis une dizaine d’années. Nous avons d’ailleurs obtenu plusieurs éco-certifications dont le très exigeant label Blue Angel pour nos films d’ensilage, grâce au développement de l’usage de matières plastiques recyclées.  Nous sommes convaincus que des solutions durables et rentables sont possibles pour notre marché, et nous investissons beaucoup en R&D sur le sujet. Notre ambition, pour faire simple : reconvertir un maximum de plastique usagé en le recyclant, puis en l’extrudant, pour la réintroduire dans nos cycles de production. Il y a bien évidemment un enjeu environnemental, que nous connaissons tous, mais aussi un enjeu de souveraineté et d’indépendance par rapport aux producteurs de matières qui sont de plus en plus hors d’Europe.

Grâce à nos convictions et nos investissements, sur les 25 000 tonnes annuelles que nous produisons, nous réintroduisons 9000 tonnes regranulées dans nos produits. C’est une véritable fierté pour tous nos collaborateurs, qui inspirent nos homologues scandinaves, pourtant souvent plus en avance que la France sur ces sujets clés.

Vous challengez régulièrement les étudiants de l’ICAM pour innover sur des projets liés au recyclage : pouvez-vous nous raconter ?

Thierry Gauchet : Cela fait près de 5 ans que nous travaillons avec différentes équipes d’étudiants de l’ICAM. Nous faisons souvent appel à leurs compétences et à leurs regards pour conforter notre avance stratégique en matière de recyclage. Le dernier projet en date concerne la conception d’une ligne de tri entièrement automatisée, grâce à un assemblage inédit de technologies. Avec cette innovation, nous visons un triple objectif : affiner encore plus la qualité du tri, accroître sa vitesse, autrement dit la rentabilité, mais aussi réduire la pénibilité de ce travail manuel, particulièrement fastidieux pour les opérateurs. Le robotiser au maximum et réserver les compétences de nos collaborateurs à des tâches à plus forte valeur ajoutée était une évidence pour nous. Les étudiants de l’ICAM nous ont permis d’aller plus vite et de mener à bien à ce projet : la ligne de tri est en train d’être testée, avant d’être déployée et même brevetée.

Les élèves ingénieurs de l’ICAM me surprennent chaque fois davantage par leur implication, leur professionnalisme et leur volonté de faire grandir nos projets. Pour illustrer, nous avons pu tester grâce à eux de nombreuses technologies pour notre ligne de tri, par leurs échanges avec des partenaires potentiels à l’échelle européenne. Ils se sont même déplacés en Allemagne et en Autriche pour comparer et évaluer les différentes solutions. Les compétences qu’ils développent au sein de l’ICAM, l’encadrement dont ils bénéficient, et la culture industrielle de l’école sont aussi de véritables atouts.

 

Recommanderiez-vous à vos homologues industriels de vous entourer de compétences et d’inspirations étudiantes ?

Thierry Gauchet : Tout à fait ! En matière d’innovation, c’est un vrai plus ; une ouverture d’esprit et une vision « fraîche » sur des sujets centraux. C’est aussi un moyen de multiplier les opportunités d’innovation, car, même si certains projets menés avec les étudiants n’aboutissent pas, nous collectons de la donnée pour de futurs sujets, nous défrichons des territoires sur lesquels nous n’avons pas forcément le temps ou l’habitude d’aller… C’est aussi très bénéfique pour nos équipes en interne : ils se ressourcent auprès des étudiants. Ils s’ouvrent, sortent de leur quotidien, restent en veille et cultivent aussi le plaisir qu’ils ont à transmettre leurs savoirs, leurs expériences. Car il ne faut pas se tromper, pour que le partenariat soit gagnant / gagnant, il faut s’impliquer auprès des étudiants. Leur laisser suffisamment de liberté pour qu’ils puissent exprimer leur créativité, tout en leur donnant un cadre pour participer à leur formation et évidemment, obtenir des résultats positifs de leurs contributions. Cela nous demande de l’agilité et de l’investissement, mais le résultat vaut vraiment le coup !

Une nouvelle illustration des atouts de la dynamique French Fab Challenge.
Les Foulées Créatives 2021 : un très bon millésime !
© Domaine du Land Rohan

Avec le soutien de Nantes Métropole, l’Université de Nantes propose chaque année à tous ses étudiants de goûter à l’entrepreneuriat grâce à un marathon créatif pluridisciplinaire : « Les Foulées Créatives », qui ont récemment rejoint la dynamique French Fab Challenge. Défiés par les organisations participantes (entreprises, associations, collectivités…), les étudiants ont deux jours pour proposer des solutions innovantes aux problématiques posées. Anaïs Philippe-Magdelaine et Émilie Ragouet, respectivement chargée de projets et chargée de communication à la Mission Entrepreneuriat de l’Université de Nantes nous partagent les retours de l’édition 2021 et les bénéfices des Foulées Créatives. 

 

Quels étaient les défis proposés aux étudiants cette année ?

Émilie Ragouet : Cette année, nous étions sur une thématique encore une fois très inspirante, pour nos étudiants comme pour les organisations participantes : Agriculture et Alimentation. Ces domaines soulèvent de nombreux enjeux, d’un point de vue social, écologique, économique mais aussi scientifique et culturel… et donc autant de défis à relever ! Les équipes d’étudiants ont ainsi été challengées sur des problématiques aussi diverses que variées.

Pour ne prendre que quelques exemples, Amo.farm, une plateforme de livraison citoyenne locale de paniers de producteurs, a interrogé les étudiants sur la manière de rapprocher les urbains de l’agriculture locale. Handi-Gaspi, qui valorise les invendus de pains biologiques pour fabriquer des biscuits bio avec des travailleurs en situation de handicap, a challengé les équipes sur le développement de ses gammes de produits. Le défi du MIN de Nantes concernait lui la création de nouveaux services pour ses usagers.

Des problématiques globales donc, qui nécessitent la mobilisation de nombreuses expertises, d’où l’intérêt de créer des équipes d’étudiants pluridisciplinaires de l’Université de Nantes : Langues et Cultures Étrangères, IAE Economie et Management, IGARUN, IUT de Nantes, IUT de Saint-Nazaire, Lettres et Langages, Polytech, Sciences et techniques, STAPS, mais aussi une dizaine d’étudiants d’Oniris.

Concrètement, comment se déroulent les Foulées Créatives ?

Anaïs Philippe-Magdelaine : Ce sont deux jours en totale immersion créative ! Cette année, les étudiants étaient réunis au Domaine du Land Rohan, un lieu convivial en pleine nature, propice à l’émergence d’idées innovantes. Le marathon est rythmé par des temps forts, dédiés à la créativité, à l’idéation, à la définition de persona et de business model… grâce à des outils dédiés à la création et à la structuration de projet. Coachés par un bureau d’experts et des collaborateurs du PEPITE*, les étudiants sont baignés dans une démarche de design thinking, qui place l’utilisateur au cœur de la réflexion et de l’élaboration de solutions créatives et innovantes. À l’issue de ces 2 jours intensifs, les équipes pitchent leurs solutions aux organisations et leur remettent des livrables à forte valeur ajoutée. Un couple équipe / organisation est désigné grand gagnant de l’édition. Cette année, c’est Atelier PotPote et son équipe qui ont été lauréats, avec un projet particulièrement inspirant.

Quels sont les bénéfices pour les entreprises et autres organisations proposant leurs défis ?

Anaïs Philippe-Magdelaine : C’est une démarche d’open innovation très enrichissante à plein d’égards. D’une part, elles bénéficient d’un nouveau regard sur des problématiques qui font leur quotidien et/ou qui conditionnent leur réussite, un regard précieux puisque qu’hybride et pluridisciplinaire. L’ouverture offerte par cette expérience peut être génératrice d’innovations d’usage, de produit ou de services à forte valeur ajoutée. C’est aussi un moyen de rencontrer de nouveaux talents, de nouvelles compétences, qui seront demain, soit sur le marché du travail, soit disponibles pour poursuivre la réflexion dans le cadre de projets tutorés, de stages, d’alternances… C’est enfin une manière de faire découvrir leur marque et leur offre aux étudiants de l’Université de Nantes. Mais les intérêts dépendent aussi de la maturité de l’organisation participante. Une start-up tout juste naissante pourra valider la pertinence de son concept auprès d’un public captif, alors qu’une collectivité pourra bénéficier d’une proposition disruptive pour des services existants depuis longtemps.

Les Foulées Créatives s‘inscrivent donc vraiment dans l’état d’esprit French Fab Challenge : un challenge à relever par tous les étudiants inspirés au service de la performance des organisations des Pays de la Loire !

* Le PÉPITE (Pôle Étudiant pour l’Innovation, le Transfert et l’Entrepreneuriat) des Pays de La Loire, dispositif porté par l’Université de Nantes en coordination avec les universités d’Angers et du Mans, permet aux étudiants et diplômés de conjuguer études et entrepreneuriat au travers d’actions labellisées proposées dans les établissements du territoire ligérien.

Envie de tenter l’expérience ? La prochaine édition aura lieu en novembre 2022 ! Pour être informé de la thématique de cette future édition, contactez Anaïs PHILIPPE-MAGDELAINE
SODISTRA X ICAM : cas d’école d’une collaboration fructueuse !

Preuve des bénéfices de s’allier avec le monde académique, l’Icam Ouest a conçu, avec ses étudiants ingénieurs, un outil de modélisation thermique permettant à Sodistra, spécialiste des solutions de traitement de l’air, de capter de nouveaux marchés.

Sodistra est partenaire de l’école d’ingénieurs à Nantes depuis 2018, avec des ambitions claires : booster son activité recherche & développement pour conserver sa position de leader sur le marché, et s’ouvrir à d’autres segments. Et ça marche ! Depuis la mise en place de cette collaboration, Sodistra a pu bénéficier des fruits de travaux à forte valeur ajoutée :

Icam et Sodistra

 

  • Une étude des performances énergétiques de ses produits
  • Une étude sur les performances d’un nouveau matériau
  • La mise au point de ce fameux outil 3D de modélisation thermique et mécanique pour créer des modèles de prévision du comportement de ses produits dans des conditions réelles. Un atout de poids pour l’aide à la décision des dirigeants lorsque Sodistra répond à des appels d’offres !

 

Comment ça marche ?

L’Icam Ouest, site de Nantes, dispose d’un pôle « Services aux entreprises » qui accompagne chaque année des dizaines d’industriels dans l’optimisation de leurs performances et le développement d’innovations technologiques.  Les étudiants de 5ème année y participent activement dans le cadre de leur mémoire de fin d’études, pour lequel ils travaillent sur une problématique d’entreprise en tant qu’ingénieurs projets pendant 6 mois. Pour Sodistra, ce sont 8 élèves ingénieurs, accompagnés des chefs de projets et experts salariés de l’Icam Ouest qui se sont mobilisés.

Pas étonnant que Sodistra s’appuie en toute confiance sur les compétences des jeunes talents. Son président, Erwan Coatanéa, ambassadeur de la French Fab, est intimement convaincu qu’« ilfaut prendre de l’élan et partir à la conquête de nouvelles ressources, compétences et envies ». Une démarche qu’il juge indispensable à la bonne santé des industries françaises. (À lire : l’interview d’Erwan Coatanéa sur le site de la French Fab)

L’expérience Sodistra démontre en plus que c’est une collaboration gagnante / gagnante : les élèves ingénieurs acquièrent une expérience unique grâce à des projets concrets et porteurs, à valoriser dès leur fin d’études ; l’industriel en retire soit un regard neuf, soit des solutions innovantes, le différenciant sur son marché. À l’image de French Fab Challenge !

Regards croisés : « Toutes les entreprises peuvent innover ! »

Charlotte DuvalChristian Travier

Organisé depuis 2011 par Laval Mayenne Technopole, le Challenge Compétences, qui s’est associé en 2020 à la dynamique French Fab Challenge, permet chaque année à une quinzaine d’entreprises mayennaises de mobiliser des étudiants du département pour susciter de nouveaux projets d’innovation. Fort de ce succès, le dispositif se déploie désormais en Sarthe. Nous sommes allés à la rencontre de  Christian Travier, directeur de Laval Mayenne Technopole, et Charlotte Duval, chargée d’accompagnement des entreprises, qui coordonne le Challenge Compétences.

Interview croisée de ces deux passionnés, qui nous partagent leurs points de vue sur les bénéfices de l’innovation pour toutes les entreprises.


Qu’est ce qui rend le dispositif Challenge Compétences unique et utile pour tous ceux qui y participent ?

Charlotte Duval  : Pour moi, c’est un programme gagnant à tout point de vue ! Pour les étudiants d’abord, qui bénéficient d’une première expérience professionnelle vraiment immersive car ils ont carte blanche. Pour les entreprises ensuite, qui prennent le temps de rompre avec leur quotidien et profitent d’un œil neuf et compétent, bousculant leurs habitudes. Pour les écoles enfin, qui professionnalisent leurs formations et renforcent les liens entre les mondes économique et académique.

Christian Travier : Tout à fait d’accord avec Charlotte ! Je voudrais juste insister sur un point. Lorsque nous avons lancé le Challenge Compétences en 2011, l’open innovation était encore très peu connue. On sait dorénavant quelles sont ses vertus ! L’innovation ne peut pas se limiter à un processus uniquement interne à l’entreprise : l’ouvrir au monde extérieur est nécessairement générateur de nouvelles et bonnes idées. L’écoute clients par exemple permet de faire performer son offre en s’adaptant au mieux à leurs besoins. La proximité avec des laboratoires de recherche permet d’aller sur des terrains encore inexplorés. Et bien, impliquer le monde des étudiants dans l’évolution de son entreprise est là aussi vecteur de valeur ajoutée : soit parce qu’ils ont une vision en phase avec celle des clients de demain, soit parce qu’ils ont des compétences différentes de celles que possède l’entreprise en interne.


Qui sont les entreprises participant au Challenge Compétences ?

Christian Travier : Il n’y a pas de profil type ! Pour certaines entreprises, c’est une immersion dans une première expérience d’innovation. Pour d’autres, ce n’est pas une première, mais une nouvelle façon d’aborder l’innovation. Une chose est certaine : toutes ressortent grandies de cette aventure !

Charlotte Duval : Effectivement, les entreprises sont toutes différentes mais elles partagent toutes quasiment un point commun : à la fin de leur Challenge Compétences, elles sont bluffées !  Surprises positivement par la qualité des recommandations faites par les étudiants, souvent bousculées dans leur routine, régulièrement séduites par les idées proposées. D’ailleurs, suite à une enquête menée pour les 10 ans du Challenge Compétences, 70 à 80 % des entreprises disent vouloir mettre en œuvre les projets proposés, et, dans la réalité, ce sont 33 projets qui ont été concrétisés depuis la naissance du challenge. (Pour plus d’infos sur les résultats de l’enquête, voir l’article « Bienvenue Challenge Compétences ! » ndlr)


L’innovation de manière générale est-elle un remède efficace aux nombreuses turbulences que nous traversons ?

Christian Travier : Pour filer la métaphore, plus qu’un remède, l’innovation est pour moi une hygiène de vie à adopter par toutes les entreprises ! On a souvent tendance à innover quand ça va mal, pourtant, anticiper le futur, pas de manière cyclique mais bien de manière permanente, c’est la clé de l’épanouissement économique. Bien sûr, c’est facile à dire, mais pas facile à faire quand on gère déjà un quotidien soutenu, avec « la tête dans le guidon ». Mais innover, c’est avant tout un état d’esprit. Si les entreprises prennent l’habitude, le réflexe d’interroger ce qu’elles font, d’adopter une posture positive face aux changements, l’innovation deviendra naturelle et source de développement. (Pour aller plus loin dans la réflexion autour de l’innovation, consultez l’excellent blog de Christian Travier, un pas dans l’inconnu ndlr)

Charlotte Duval : Je crois qu’il est important de rappeler que l’innovation ne se limite pas à des nouveautés technologiques. Innover, c’est avant tout s’intéresser aux attentes de ses clients et re-challenger constamment son offre pour y répondre le plus parfaitement possible. Et innovation n’est pas forcément synonyme de révolution : cela peut être simplement une nouvelle façon d’adresser une clientèle, une nouvelle façon de communiquer… il n’y a pas de petites idées !


Dans le cadre de Challenge Compétences, quelles innovations vous ont particulièrement touchés dernièrement ?

Charlotte Duval : Il y en a tellement… mais il faut faire un choix. Là, immédiatement, je pense à La Corévatine. Ce cuisinier-traiteur de Saint-Berthevin a évidemment fortement pâti de la crise sanitaire. Avec l’accompagnement des étudiants de l’IUT Laval en hygiène / qualité / communication / marketing, ils ont lancé, 1 mois après le challenge, leur « Confinebag », un système de repas à emporter. Ils ont eu le courage, en pleine tempête, de cibler une nouvelle clientèle, ce qui leur a permis de rebondir. Je pense aussi à Martin 3D, un cabinet de conseil, formation et bureau d’études spécialisé en carrosserie industrielle. Lors de leur Challenge Compétences, les étudiants de l’ESIEA, école d’ingénieurs dans les métiers du numérique, leur ont proposé de développer un outil logiciel sur tablette, pour faciliter le contrôle qualité des véhicules. Depuis, l’idée a fait son chemin et Martin 3D a créé une nouvelle entreprise dédiée à ce logiciel ! Je cite volontairement des TPE/PME pour affirmer haut et fort que l’innovation s’adresse vraiment à toutes les entreprises.


Le Challenge Compétences a fêté ses 10 ans en 2021. Quel intérêt pour votre dispositif de rejoindre la dynamique French Fab Challenge ?

Christian Travier : French Fab Challenge est une dynamique régionale, et il nous a paru tout à fait naturel de nous y associer. L’innovation n’est pas le pré-carré de tel ou tel acteur du développement économique : pour la diffuser le plus largement possible, il faut que nous unissions nos voix et nos forces ! Le Challenge Compétences est un dispositif bien rôdé, générateur de valeur ajoutée pour le territoire, et nous avons vraiment l’envie de transférer cette méthode au plus grand nombre. Nous l’avons d’ailleurs déjà fait en Sarthe : Le Mans Innovation organise dorénavant son propre Challenge Compétences pour son département ! Le dispositif dépasse d’ailleurs largement nos frontières : Charlotte a récemment animé 2 webinaires au niveau européen pour promouvoir la démarche.


Et si Laval Mayenne Technopole faisait son propre Challenge Compétences ?

Charlotte Duval : Et bien nous l’avons déjà fait ! Nous avons fait participer notre boutique Neoshop, qui vendait les innovations de start-up que nous accompagnions. Les propositions ont vraiment été bluffantes. Avec la création d’une borne de réalité virtuelle et un système d’hologramme… La barre était haute !

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