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Les talents : notre matière première la plus précieuse

Nicolas Masson

Nicolas MASSON est dans la plasturgie depuis ses 18 ans. D’abord comme opérateur de transformation en usine, les week-end, en parallèle de ses études. Ensuite à des fonctions commerciales et marketing, puis, pendant plus de 10 ans, au cœur de l’animation d’un réseau d’entreprises spécialisées dans ce domaine d’activité. Aujourd’hui il est l’heureux Président Directeur Général de RBL Plastiques, créateur de solutions plastiques thermoformées sur-mesure et de sa filiale COFRELEC Industrie, qu’il a repris en 2017 avec son associé et des investisseurs. Ambassadeur ligérien de la French Fab, Nicolas MASSON partage avec nous les enjeux qui sont les siens et ceux de l’industrie française.

 

 


RBL Plastiques et COFRELEC Industrie ont maintenu le cap malgré la crise sanitaire que nous avons traversée. Comment l’expliquez-vous ?

Nicolas MASSON : Les raisons sont très différentes pour l’une et l’autre. Chez RBL Plastiques, l’agilité est dans notre ADN. Face à l’arrêt brutal de tout notre secteur d’activité et à l’urgence sanitaire, nous avons décidé d’agir le week-end qui a suivi le confinement, avec notre confrère et ami Protecthoms et d’autres acteurs de la plasturgie : fabriquer des visières plastiques pour pallier la pénurie de masques. La semaine suivante, nous développions les solutions et les outils, puis la production a suivi, pendant que Protecthoms, spécialisé dans les Équipements de Protection individuelle, assurait la distribution. En avril 2020, nous avons mis en marché près d’un million de visières… Une histoire incroyable, qui s’explique par la réactivité offerte par nos process de thermoformage, mais aussi et surtout par l’extraordinaire mise en mouvement de tout un réseau. La demande a commencé à se tarir à mesure que notre activité normale reprenait.

Pour COFRELEC Industrie, spécialisée dans les solutions préfabriquées en plomberie et électricité, l’histoire est différente. Notre filiale connaissait et connait toujours une très forte croissance, compte tenu des atouts de son offre. Si bien que, même si les chantiers ont été mis à l’arrêt, la reprise a été immédiatement très forte.

Ce qui réunit ces deux histoires, je pense que c’est la pertinence des solutions offertes. RBL Plastiques et COFRELEC Industrie répondent à de vrais besoins, en veillant toujours à anticiper les attentes du marché. C’est sans aucun doute ce qui nous permet de résister… car à la crise sanitaire ont succédé les problématiques majeures que nous vivons actuellement, comme les difficultés d’approvisionnement ou l’inflation.


Justement, dans ce contexte de turbulences mondiales, comment l’industrie française peut-elle absorber les chocs ?

Nicolas MASSON : Dopée par l’épargne et les différents plans de relance, nous sommes dans une forte période de croissance économique. Et pourtant c’est compliqué. Les difficultés d’approvisionnement augmentent et elles impactent notre trésorerie, les prix des matières premières flambent… À cela s’ajoute l’inflation globale, à laquelle nous avons répondu en interne par deux augmentations de salaire en 2022… C’est certain, les conditions de pilotage de nos PME ont vraiment changé ! Mais je reste confiant. L’industrie a de telles capacités de résilience et d’innovation… n’oublions pas qu’elle a su renaitre de ses cendres, après 30 ans de désindustrialisation ! Je suis certain que nous trouverons des solutions. L’industrie est vivante, elle se réinvente constamment. Sans forcément parler de relocalisation, de nouveaux produits et de nouvelles filières se développent naturellement sur notre territoire. Et à mon sens, il ne faut pas penser uniquement français. L’Europe est aussi une solution aux épreuves que l’on vit actuellement : nous atteignons une taille critique qui peut nous permettre de faire la différence et de ne plus subir.


L’industrie a retrouvé ses lettres de noblesses en France ?

Nicolas MASSON : Oui, c’est évident ! On ne l’associe plus du tout à Germinal et son image s’est nettement améliorée auprès des jeunes. L’industrie a fait pour cela un incroyable effort de transformation. Dans ses méthodes de management d’une part, qui sont de moins en moins verticales, mais aussi dans ses process de production avec la digitalisation, la robotisation… L’industrie du futur est déjà en marche.

Faire valoir cette réalité est l’un des enjeux majeurs de la French Fab et c’est d’ailleurs la raison qui m’a poussé à m’y investir. J’ai découvert ce mouvement grâce à Erwan Coatanéa, un homme inspirant (Président de Sodistra et ambassadeur de la French Fab en Mayenne, ndlr). Depuis, j’accompagne la croissance de la French Fab en Pays de la Loire, qui se positionne comme la 3ème région industrielle de France.
En rencontrant Christelle Morançais, notre Présidente de Région qui fonde beaucoup d’espoirs dans l’industrie, nous nous sommes retrouvés sur beaucoup de priorités, dont la plus importante à mon sens : faire que les jeunes tombent amoureux de l’industrie ! Car ne nous y trompons pas : notre matière première la plus précieuse, ce sont les talents d’aujourd’hui et de demain. Pour les sensibiliser, les arguments sont nombreux : des salaires plus élevés que la moyenne, des métiers très variés, qui procurent beaucoup de fierté, des opportunités d’évolution majeures… D’ailleurs, la French Fab nous permet à nous aussi, industriels, de grandir grâce à l’intelligence collective. Nous nous rassemblons régulièrement pour partager nos pratiques, nos visions. Un exemple récent : la Fab Academy, le 14 juin dernier, a réuni près d’une centaine d’industriels à Bouguenais autour d’une journée dédiée aux signaux annonciateurs de changement, animée par des prospectivistes. Passionnant !


En parlant prospective, quel avenir imaginez-vous pour l’industrie plasturgique, compte tenu des enjeux environnementaux qui sont les nôtres ?

Nicolas MASSON : Un bel avenir ! Le plastique souffre de moins en moins de la diabolisation dont il a pu être victime. Les débats se sont resserrés, non plus sur la matière plastique, mais bien sur les usages et notamment produits à usage unique, d’une utilité discutable en grande consommation, avec une fonction jetable. L’illustration la plus populaire : les pailles. Mais c’est aussi vrai pour les goodies à usage unique, qui ont un impact environnemental bien trop fort par rapport à leur utilité réelle. Je suis donc tout à fait en phase avec l’idée qu’il faille reconsidérer les usages du plastique en fonction du bénéfice qu’il apporte à nos sociétés.

Chez RBL Plastiques, nous faisons tout autre chose. Nous produisons des solutions utiles, étudiées pour être les plus performantes possible, à partir d’une matière dont le ratio performance / impact environnemental n’a pas encore été égalé ! Car en réalité, le plastique présente un poids carbone très bas par rapport à d’autres matériaux. Il permet ainsi la réduction de l’empreinte carbone dans les produits dans lesquels il s’intègre, par exemple en allégeant le poids de véhicules. Je vous invite d’ailleurs à consulter le livre blanc créé par POLYVIA (L’Union des transformateurs de polymères) sorti en mars dernier : Le plastique, l’atout bas carbone.

Nous menons bien sûr en parallèle beaucoup de travaux autour de matières 100 % biosourcées et/ou biodégradables, pour apporter des solutions toujours plus éco-responsables. Mais ne nous y trompons pas, le progrès crucial et prépondérant à accomplir est de recycler 100% des produits mis sur le marché et répondre ainsi aux enjeux environnementaux et plus globalement de l’économie circulaire.

Publié le 28/06/2022
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