French Tech x French Fab : une équation gagnante
La Tech et la Fab sont deux domaines d’activités considérés comme hautement stratégiques en Pays de la Loire, l’une comme l’autre représentant la force et l’avenir de notre territoire. La French Tech et la French Fab y sont d’ailleurs particulièrement dynamiques. Persuadée qu’elles ont tout à y gagner, la Région, sous l’impulsion de sa Présidente Christelle Morançais, a souhaité créer les conditions d’un rapprochement concret entre les deux communautés. Anaïs Vivion, Présidente de La French Tech Nantes et dirigeante des sociétés innovantes BeApp et Kavale et Nicolas Masson, ambassadeur ligérien de la French Fab et dirigeant des entreprises industrielles RBL Plastiques et COFRELEC Industrie nous en détaillent les enjeux.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, pouvez-vous nous (re)définir ce que sont la French Tech et la French Fab ?
Anaïs : La French Tech est le mouvement français qui réunit les startups, ou, plus précisément, les acteurs de la Tech. Attention, quand on dit Tech, ça ne veut pas uniquement dire numérique : il y aussi la Biotech, la Tech for good, la DeepTech… Pour faire simple, notre collectif réunit toutes les sociétés, tous les entrepreneurs innovants qui souhaitent « disrupter » un marché et tous ceux qui veulent les faire émerger et les accompagner vers le succès. La French Tech a été initiée par l’État il y a maintenant 10 ans pour faire de la France l’un des pays les plus attractifs en la matière à travers le monde. Au niveau local, la French Tech Nantes est une association qui s’appuie sur différentes structures comme La Cantine Numérique, ADN Ouest, Atlanpole (…) et, évidemment, sur une communauté d’entrepreneurs qui croient aux vertus du jeu collectif. D’autres communautés La French Tech maillent le territoire des Pays de la Loire : Laval, Le Mans, Saint-Nazaire-La Baule-Pornic et Vendée. Et notre Coq à nous est rouge !
Nicolas : Pour nous, le Coq est bleu ! La French Fab est un mouvement plus récent et moins formalisé que la French Tech mais qui poursuit en réalité la même ambition. Nous nous appuyons sur la force du collectif en réunissant les acteurs de la Fab – c’est-à-dire les industriels – pour répondre aux grands défis qui sont les nôtres : gagner en compétitivité, développer notre attractivité, grandir par l’innovation, imaginer et déployer des process durables et responsables… L’idée cœur est de mettre en mouvement tous ceux qui ont la volonté de développer l’industrie française. À l’échelle de la région, nous sommes sept ambassadeurs, un à deux par département, et nous incarnons le mouvement via des rencontres, des échanges, des événements…
Comment ce rapprochement entre vos deux communautés a-t-il été initié ?
Anaïs : Christelle Morançais a souhaité réunir tous les ambassadeurs French Fab et les Présidents French Tech de la Région lors d’un dîner en février dernier pour comprendre les synergies qui existaient déjà entre nous et comment les développer. C’était un moment très enrichissant : nous avons tous évoqué avec beaucoup de sincérité ce qui nous paraissait positif, négatif et les croisements qui pourraient être vertueux pour nos deux communautés.
Nicolas : Comme toi Anaïs, j’ai vraiment apprécié ce moment. Il nous a permis de partager nos parcours, et, de mon côté, de casser certains stéréotypes ! Dans notre milieu, la Tech est souvent associée au numérique… et aux levées de fonds, qui ne correspondent pas du tout à notre culture de fabers ! J’ai compris par ces échanges que nous étions loin de la vérité et que nos univers partageaient beaucoup de valeurs et d’intérêts.
Anaïs : Effectivement, la French Tech peut souffrir d’une image « m’as-tu-vu », très startup Nation qui n’est pas du tout représentative de la réalité. À Nantes et plus globalement dans notre région, nous sommes très orientés transitions, souveraineté, écologie… des préoccupations que l’on a vraiment en commun avec la French Fab !
Pourquoi la French Tech et la French Fab ont-elles intérêt à converger ?
Nicolas : L’univers industriel a beaucoup progressé en termes d’innovations, notamment par le biais des machines. Mais les apports de la Tech ne se limitent pas à ça. Data, énergie, transitions, commerce, organisation, management… Cet écosystème a beaucoup à nous apprendre par son foisonnement d’idées créatives, de process innovants, mais aussi par sa culture très différente de la nôtre.
Anaïs : En réalité, on se croise déjà sur beaucoup de sujets, car le développement des technologies et de l’innovation s’accélère chaque jour un peu plus. Le problème c’est qu’aujourd’hui, quand nous nous parlons ou quand nous travaillons ensemble, c’est encore trop souvent uniquement par opportunisme. Nous aurions tout à gagner à mêler nos dynamiques entrepreneuriales pour bénéficier du meilleur de nos deux mondes !
Nicolas : Et on s’oriente de plus en plus vers des organisations hybrides. Des entreprises de la Tech vont devenir de très gros fabers ! Je pense par exemple à Button Hop, le bouton connecté pour les industriels, qui vient de faire une levée de fonds pour devenir son propre fabricant.
Anaïs : C’est une tendance qui s’affirme effectivement. Lhyfe est vraiment l’illustration parfaite de la startup qui prend des dimensions industrielles ! Et d’autres acteurs de la French Tech ont de fait besoin de bosser main dans la main avec les acteurs de la Fab. Par exemple Berny, qui bouscule l’industrie agroalimentaire, la grande distribution et la restauration collective en proposant une solution d’emballages réemployables et logistique… Ces entrepreneurs innovants ont forcément besoin des industriels pour progresser, ensemble, vers de nouveaux usages. Et pour aller encore plus loin, demain, ce seront les industriels qui seront les investisseurs du monde de la Tech, en apportant soit leurs structures, leurs savoir-faire industriels, soit les moyens financiers, ou les 2. On est donc vraiment à un moment clé, celui où nos sujets prioritaires sont tellement alignés que nous avons tout intérêt à vraiment converger.
Quelles actions allez-vous mener à court – moyen terme pour favoriser ces convergences ?
Nicolas : Nous avons à dresser une feuille de route pour agir efficacement. Nous organisons déjà des petits déjeuners départementaux pour échanger autour de coopérations Tech&Fab et nous avons plein de beaux projets à venir !
Anaïs : effectivement, nous sommes plein d’ambitions pour créer des événements hybrides qui nous rassemblent et la Région nous en donne vraiment les moyens. Rendez-vous à la rentrée !