French Fabers : faisons des contraintes des opportunités !
Erwan Coatanéa est Président de Sodistra, une PME industrielle mayennaise experte de la conception et la fabrication de centrales de traitement d’air et gaines de ventilation. Cet amoureux de l’industrie est aussi un ambassadeur actif de la French Fab en Pays de la Loire depuis le lancement du mouvement en 2017. Éternel optimiste, quand on lui demande ce qu’il pense du contexte actuel plutôt morose, il coupe court ! Sa réponse : parlons des solutions plutôt que des problèmes ! Erwan nous livre sa vision positive et inspirante… et ça fait du bien !
Comment votre histoire avec la French Fab a-t-elle débuté ?
Erwan Coatanéa : Je m’en rappelle comme si c’était hier ! Quand nous avons racheté Sodistra, il a fallu assez rapidement reconstruire une usine totalement neuve de 8000 m2, pour des raisons réglementaires. Au lieu de voir cette obligation comme une contrainte, nous en avons fait une opportunité : nous avons profité de cette nouvelle aventure pour obtenir le Label Industrie du futur. C’est à ce moment-là que j’ai croisé le chemin de BPIFrance.
Un an après, en mars 2017, j’ai reçu dans ma boîte mail un logo en forme de Coq bleu, qui avait pour ambition de devenir le symbole de l’industrie française : La French Fab. Ça a été une révélation pour moi : bien sûr qu’il fallait que nous nous réunissions, nous les industriels, sous une bannière commune ! Évidemment que nous pouvions et devions être fiers de faire ce qu’on faisait ! C’était certain qu’en retrouvant cette fierté et ce sentiment d’appartenance à une communauté, nous allions avancer, plus vite, plus loin !
Alors avec les équipes, on a décidé de donner vie à ce Coq bleu. On l’a imprimé en 3D et il s’est métamorphosé en emblème. Le 2 octobre 2017, lors du lancement officiel de la French Fab, j’ai remis le Coq bleu en volume à Bruno Lemaire, ministre de l’Économie et des Finances, avec une immense fierté collective. La Région Pays de la Loire a été la première à lancer la French Fab, à s’en emparer, à mettre le mouvement en marche. Depuis, le Coq bleu a fait le tour du monde, de la Foire d’Hanovre aux États Unis et il évoque immédiatement l’industrie française.
Et concrètement, c’est quoi la French Fab ?
C’est un mouvement, un catalyseur d’énergies, une dynamique qui vient du terrain, des industriels eux-mêmes. La French Fab nous a permis à nous les industriels de relever la tête en prenant conscience de l’importance de la valeur que nous créons pour le système français. Et ça c’est moteur pour avancer.
Je dirais que La French Fab, c’est un peu comme un nom de famille partagé par tous les industriels !
C’est aussi un étendard qui a permis d’identifier puis de « flaguer » des actions en faveur de l’industrie qui existaient déjà, de les prolonger, d’en créer de nouvelles… comme French Fab Challenge.
Enfin, la French Fab c’est une communauté génératrice d’idées nouvelles : on y partage des problématiques que l’on rencontre tous et surtout on y trouve des solutions !
Vous parlez beaucoup d’avancer, toujours, quoi qu’il arrive. Pourquoi ?
Parce que je crois que c’est la clé pour nos industries : le meilleur moyen de ne pas tomber, c’est d’avancer. Comme le vélo ! En ce moment, on n’arrête pas de nous sabrer le moral avec la « grande démission » et les difficultés de recrutement. Mais si on prenait tous l’habitude de bouger, de casser les codes préétablis, ce problème n’en serait déjà plus un ! J’ai une illustration très concrète : je viens tout juste de recruter un responsable export pour Sodistra. Il habite à Annecy. Pourquoi ce serait un problème ? Nous avons tous les outils qu’il faut pour télé-travailler, et, inspirés par un ami, nous avons récemment acheté une maison pour loger les jeunes qui viennent en mission chez Sodistra. Il pourra lui aussi y poser ses valises, et en profiter pour partager son expérience avec les étudiants. Autre exemple : on manque de profils en métallerie soudure. Alors, avec des industriels mayennais et l’appui des territoires, on a créé une école de production à Château Gontier.
Prenons un autre domaine : l’énergie et le changement climatique. Pendant le COVID, nous aurions pu prendre la décision de tout arrêter. On a préféré avancer sur des projets que nous n’avions pas eu la possibilité de mettre en œuvre faute de temps. Résultat : nos toits sont équipés de 2000 m2 de panneaux solaires, et désormais chez Sodistra, entre 30 et 40 % de l’énergie est produite grâce à cet investissement. C’est plutôt une bonne nouvelle dans la période actuelle ! Et nous réfléchissons maintenant comment en faire profiter à tous nos collaborateurs, sur la période du mois d’août, quand les machines sont à l’arrêt.
Mais attention, on n’a pas la prétention de dire qu’on a les meilleures idées chez Sodistra. Au contraire, si on avance, c’est surtout parce qu’on joue collectif et qu’on écoute beaucoup autour de nous. Et en premier lieu les jeunes : ce sont eux qui ont les idées de demain, ce sont eux qui peuvent challenger nos certitudes. Et je parle des jeunes au sens large. Des collégiens et les lycéens que l’on accueille en visite d’entreprise, aux étudiants de l’ESTACA ou de l’ICAM qui s’immergent dans nos usines et travaillent sur des sujets clés à nos côtés. Il y en a d’ailleurs 4 au moment où je vous parle dans notre usine.
Je préfère m’inspirer des bonnes idées et des solutions qui gravitent tout autour de nous, plutôt que focaliser sur des problèmes dont je n’ai pas la maîtrise. Avançons… et puis, après la pluie le beau temps !