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Fabriquons les compétences industrielles d’aujourd’hui et de demain

Benjamin Pelabon

Après 10 ans de conseil en management, Benjamin Pélabon devient le directeur du Centre de Nantes de la Fab’Academy du Pôle Formation de l’UIMM des Pays de la Loire, qui a ouvert ses portes à la rentrée 2020. Immergé dans l’univers industriel, Benjamin est aussi le Président de l‘association Odyssée Jules créée à l’été 2021, qui fédère 23 sociétés réunies sur un même terrain de jeu (la zone aéroportuaire de Bouguenais), en faveur de l’industrie du futur. Benjamin nous explique en quoi la Fab’Academy est un formidable outil au service de tous les industriels de la région.

 


La Fab’Academy du Pôle Formation de l’UIMM des Pays de la Loire, c’est qui, c’est quoi, c’est pour qui ?

L’UIMM s’est doté d’un réseau de Pôles Formation, créé par et pour des industriels, il y a plus de 50 ans déjà. C’est aujourd’hui le 1er réseau de formation dans l’industrie en France avec 138 centres répartis sur tout le territoire.
La Fab’Academy, c’est l’entité ligérienne de ce réseau, qui réunit 230 collaborateurs dans 6 centres – la Roche-sur-Yon, Laval, Le Mans, Saint-Nazaire, Nantes, Angers (depuis septembre 2022, ndlr) – et 1 antenne à Cholet. Nous avons choisi d’ajouter notre propre marque, La Fab’Academy, à la dénomination « Pôle de formation de l’UIMM », pour faire vivre notre identité spécifique. Les Pays de la Loire ne sont pas une région industrielle comme les autres, nous avons une façon bien à nous d’imaginer, d’animer et de développer ce secteur, avec une Présidente de Région, Christelle Morançais, très investie sur le sujet. Cette marque traduit notre dynamisme, notre différence, nos engagements et l’étendue de nos expertises. La formation bien sûr : développer l’industrie en Pays de la Loire passe par la création et le développement des compétences, d’aujourd’hui et de demain. Le conseil ensuite : bâtir l’industrie du futur requiert une transformation réussie des entreprises à tous les niveaux, managérial, numérique, écologique, sociétal…

Nous avons développé une offre de formations très large, pour répondre à tous les enjeux des industriels : du CAP chaudronnier au Master Réseau et Cybersécurité, en passant par des formations managériales de haut niveau. Cela représente en moyenne 12 000 personnes formées par an dont 1300 apprentis et 500 demandeurs d’emploi. Nos formateurs sont tous issus de l’industrie : nous avons la conviction que l’expérience du terrain est indispensable, la compétence pédagogique elle, peut s’acquérir. Et cela fait toute la différence au niveau de la qualité de nos formations.


On parle énormément de la pénurie de talents, dans tous les secteurs. Qu’observez-vous dans le monde industriel ?

On fait le même constat que partout ailleurs : les besoins en Pays de la Loire sont énormes et urgents, notamment à Nantes, dans une région qui, en plus, présente un très faible taux de chômage et un tissu industriel très diversifié. Recruter devient de plus en plus compliqué, même si l’image du secteur industriel tend à s’améliorer d’année en année : on voit apparaître des talents qui font le choix de beaux parcours dans l’industrie, et ils ont raison, car le secteur propose des aventures incroyables. Mais ce n’est toujours pas suffisant. Pour y pallier, nous formons des apprentis, des demandeurs d’emploi, des profils en reconversion… sans oublier les salariés déjà en place, dont il faut développer les compétences en continu ! Ces besoins très forts s’expliquent aussi par une très bonne dynamique industrielle sur notre territoire. Beaucoup ont redémarré très vite après le COVID ou n’ont même pas stoppé leurs activités d’ailleurs : l’agroalimentaire, la fabrication d’engins ou de machines spéciales, le domaine naval pour ne citer qu’eux ont continué à performer et des PME innovantes par exemple dans l’usinage de précision, le médical (…) ont continué de grandir.


Quelles sont les solutions selon vous ? De nouveaux dispositifs à imaginer ?

Surtout pas ! Il y a déjà énormément de dispositifs existants : capitalisons dessus ! Prenons l’exemple de l’apprentissage : c’est un moyen formidable et efficace pour former les jeunes talents, surtout dans notre milieu. Or, le taux est encore trop faible, à cause d’a priori non fondés. Oui, il est possible de recruter des apprentis mineurs dans l’industrie, avec un cadre évidemment. Non, ce n’est pas onéreux : il existe de nombreuses aides financières, la preuve, à la Fab’Academy, il n’y a pas de reste à charge sur nos formations pour les entreprises qui font le choix de l’apprentissage. Oui cela demande du temps pour d’abord former les tuteurs, ensuite apprendre le métier aux jeunes : mais c’est un investissement sur du long-terme, forcément gagnant. Je crois énormément en l’apprentissage. Comme la reconversion de profils aujourd’hui éloignés de l’emploi : tout le monde a la capacité de rentrer dans l’industrie, pour peu qu’on ait la bonne posture et qu’on soit bien formé.
Et il y a aussi un chiffre aberrant, sur lequel on a un vrai levier de progression : les femmes représentent moins de 30 % des effectifs dans l’univers industriel ! En d’autres termes, on se prive du talent de la moitié de la population et c’est vraiment triste. Que ce soit lié à des biais de genre, ou à une représentation erronée de ce que sont les métiers industriels, ce n’est pas acceptable. Nous menons donc une vraie croisade à la Fab’Academy pour l’égalité Femme / Homme dans notre univers : par des événements dédiés, en s’associant à des acteurs clés comme Elles bougent ou des initiatives comme Les IndustriElles de la Fondation pour Agir Contre l’Exclusion… c’est un sujet prioritaire.


Quels sont les grands enjeux à venir pour la Fab’Academy ? 

Ils sont corollaires à ceux des industriels ! D’abord, poursuivre notre développement sur les niveaux supérieurs (jusqu’au Bac+5) et dans les domaines clés tel que le numérique et la cybersécurité. Ensuite, offrir des compétences sur les principaux profils en pénurie, je pense particulièrement à la Supply chain qui comporte de nombreux enjeux.
Enfin, continuer à être un acteur leader du développement d’une industrie durable et 4.0.
Pour prétendre pouvoir répondre aux besoins en compétences des entreprises, il nous faut être en avance à tous les niveaux. Nous investissons donc très fortement pour déployer des moyens à la pointe : nos locaux à Nantes sont flambants neufs, Angers vient d’ouvrir…et l’ensemble de nos sites ligériens sera renouvelé d’ici 2025. Au-delà de la technologie, nous jouons un rôle prospectif et stratégique clé. La Fab’Academy du Pôle Formation de l’UIMM porte la réponse du réseau Pôle Formation UIMM à l’appel à Manifestation d’intérêt France 2030 « Compétences et métier d’avenir » pour imaginer les métiers industriels du futur et dessiner les formations qui vont avec au niveau national… Une responsabilité aussi passionnante que stimulante.

Publié le 29/12/2022
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