Connectons besoins des entreprises et aspirations des jeunes !
Xavier Durand est directeur du campus angevin de l’ESSCA, la Grande École de Commerce post bac, qui propose des formations en gestion et en management. Au cœur des campus depuis toujours, ce Docteur en sciences de gestion observe et vit au quotidien l’évolution des priorités de ses étudiants d’un côté, et les besoins grandissants des entreprises en recherche de talents de l’autre. Il nous parle des relations qui les unissent.
Quelles relations entretient l’ESSCA avec les entreprises sur son territoire ?
L’ESSCA a une très bonne image auprès des entreprises. Notre institution, née en 1909, se développe continuellement : aujourd’hui, nous avons six campus en France et deux à l’étranger, Budapest et Shanghai. Nous faisons également partie du cercle restreint des écoles qui ont la triple couronne, c’est à dire du 1% des écoles de management dans le monde à être à la fois détentrice des accréditations AACSB, AMBA et EQUIS, symboles d’excellence. Cela garantit aux entreprises des étudiants très bien formés, responsables, adaptables, qui, en poste demain, leur apporteront une véritable valeur ajoutée. De ce fait, nous sommes très en lien avec les entreprises de notre territoire, sur un modèle gagnant / gagnant. En d’autres termes, nous nous apportons mutuellement. Elles nous offrent des intervenants et des experts de qualité, nous fournissent des témoignages inspirants, qui sont autant de ressources pour nos étudiants. Et de notre côté, nous leur proposons des partenariats pour mettre en valeur leurs structures auprès des talents de demain. Ces collaborations sont vraiment de multiples formes. Cela va du thème de recherche très engageant au forum de recrutement, en passant par des jeux d’entreprises, l’alternance, les stages et bien sûr les challenges !
Justement, l’ESSCA fait partie de la dynamique French Fab Challenge. Quels sont les types de challenges que vous proposez aux entreprises ?
Ils sont de deux types. Nous pouvons participer à des challenges inter-écoles : une entreprise pose une problématique à différentes écoles, parfois de différentes spécialités, et nos étudiants y répondent en apportant toute la valeur ajoutée de leur formation. Nous organisons aussi des challenges uniquement au sein de l’ESSCA : les entreprises, qu’elles soient TPE, PME ou ETI aiment beaucoup ce format et nos professeurs et étudiants aussi ! Concrètement, une entreprise présente un cas à une classe d’étudiants, qui se divise en équipes pour lui apporter différentes solutions.
L’entreprise y gagne sur plusieurs tableaux : elle bénéficie d’idées nouvelles, de solutions souvent innovantes, mais elle se fait aussi connaitre auprès des étudiants et repère de futurs talents avant même leur sortie de l’école.
Les étudiants eux s’en trouvent grandis, en travaillant sur de vraies problématiques terrain et sont extrêmement fiers lorsque leurs idées sont mises en œuvre !
On parle beaucoup d’une déconnexion entre les attentes des entreprises en termes de recrutement et les aspirations des jeunes aujourd’hui.Quel est votre point de vue ?
Une chose est sûre : les priorités des jeunes ne sont plus les mêmes. Ils ne veulent plus tout donner à une entreprise, au détriment de leur vie privée. Ils n’acceptent plus de sacrifier ce qui les épanouit et souhaitent que leur entreprise soit elle-même source d’épanouissement. Ils aspirent aussi à plus de liberté : aux systèmes hiérarchiques, ils privilégient l’agilité, la créativité, la communauté… Ça ne veut pas du tout dire qu’ils sont moins impliqués ! Ils n’ont juste pas envie de reproduire le schéma des générations précédentes. Ils ont aussi un rapport au temps qui est différent : par exemple, nous avons de plus en plus de demandes de césures entre la première et la deuxième année de master, les étudiants qui, à la sortie de l’école, se donnent un an pour réfléchir, voyager, faire de l’humanitaire sont aussi de plus en plus nombreux…
Le COVID a sans doute eu un impact fort sur la perception des jeunes mais je pense qu’il a surtout été révélateur d’une lame de fond. Depuis des années, les médias les abreuvent de nouvelles négatives, l’environnement est terriblement anxiogène pour eux. Pas étonnant qu’ils développent le besoin de profiter de chaque instant de la meilleure manière qu’il soit. Et quand je dis « profiter », ça ne veut pas dire s’amuser, cela signifie plutôt se consacrer à des projets qui ont du sens ! En témoigne l’énergie impressionnante qu’ils développent aujourd’hui en matière d’éco-responsabilité. Je crois tout simplement qu’ils perçoivent que nous sommes à la fin d’un système et qu’ils ont une folle envie de tout réinventer.
Face à ces changements et avec une offre de postes supérieure à la demande, les entreprises doivent s’adapter et transformer leurs pratiques. Ajuster leur mode de management, la mission qu’elles se donnent, la confiance et les responsabilités qu’elles offrent à leurs jeunes collaborateurs… Aux transformations numérique, environnementale, sociétale s’ajoute une transformation managériale nécessaire au développement durable des entreprises !