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Aux côtés des industriels pour une alimentation saine, durable et responsable !

Saadia AIT EL CADI a eu plusieurs vies. Cette ingénieure de formation agroalimentaire a d’abord démarré dans l’industrie, au sein d’un grand groupe agroalimentaire, d’abord comme chef de projet puis responsable d’équipe R&D. Revenue dans sa région natale, elle devient responsable d’un programme d’innovation chez Oniris, la Grande École nationale Vétérinaire, Agroalimentaire et de l’alimentation de Nantes-Atlantique. Sa mission ? Développer l’innovation collaborative entre entreprises agroalimentaires et étudiants, pour développer leur créativité. Le trait commun à ce parcours : l’innovation dans le monde de l’alimentation. Une passion que Saadia met désormais au service du Technocampus Alimentation dont elle est responsable. Dans cette interview, elle partage avec enthousiasme et optimisme les nombreuses actions collaboratives entreprises au bénéfice des industriels de la filière.

Saadia AIT EL CADI

Qu’apporte le Technocampus Alimentation aux industriels agroalimentaires ?

Les Technocampus sont des structures inédites en France, créées par la Région des Pays de la Loire pour renforcer la compétitivité des industriels grâce à l’innovation. Le Technocampus alimentation s’adresse spécifiquement aux industriels agroalimentaires, du porteur de projet aux grands groupes. Notre offre de services s’articule autour de 3 grands piliers : Informer, Accompagner, Animer. IAA comme Industries Agro-Alimentaires !

  • L’information : pour innover, il faut être curieux, rester en veille, se nourrir d’expériences externes… Notre rôle est de faciliter l’accès à ces contenus clés, par l’organisation d’une douzaine d’événements et webinaires par an. Les thématiques peuvent être pratico-pratiques comme très prospectives.
  • L’accompagnement de premier niveau : nous avons la chance d’avoir un écosystème fourmillant et très riche en Pays de la Loire. Mais les industriels ne savent pas forcément vers qui se tourner en fonction de leur problématique d’innovation : nous si ! Nous devenons alors leur boussole, nous les orientons vers les bons acteurs, nous les connectons avec les bonnes expertises et nous leur conseillons les bons dispositifs d’aide.
  • L’animation : positionnés au cœur de l’écosystème, nous stimulons le travail collectif dans une logique de coopération entre la recherche, la formation et les entreprises, pour faire émerger des actions en faveur d’un système alimentaire plus durable et plus responsable. Nous assurons aussi l’animation de la FoodTech régionale, la dynamique collective nationale dont nous avons été membre fondateur avec 6 autres régions.

Concrètement, comment cette offre de services se matérialise-t-elle ?

Nous entreprenons vraiment beaucoup d’actions différentes, le terrain de jeu est énorme ! Premier exemple : l’opération Chercheurs en entreprises. La 12e édition de ce dispositif a eu lieu chez Sodebo. L’ambition : faire que les acteurs de l’innovation, venant d’horizons différents, apprennent à mieux se connaître, pour renforcer leurs relations. Les bénéfices que les laboratoires de recherche peuvent apporter en matière d’innovation dans les entreprises ne sont pas toujours perceptibles. En faisant venir directement les chercheurs en entreprises, en échangeant sur la manière dont ils pourraient lever tel ou tel verrou technologique ou scientifique, tout devient plus concret ! Nous avons d’excellents retours sur cette opération, qui génère de très belles collaborations. Nous travaillons d’ailleurs actuellement à l’opération réciproque : faire venir des entreprises dans un laboratoire !

Autre illustration : nos actions auprès des étudiants. Nous allons régulièrement dans les écoles pour parler innovation ouverte, relier les jeunes aux laboratoires de recherche… Et pour les connecter au monde des entreprises, nous avons créé un tout nouvel événement : le Food Tour, dont la première édition a eu lieu en mars 2023. Ce dispositif est né d’un constat simple : un produit alimentaire qui fonctionne à l’étranger peut devenir une innovation en France demain… et nombreux sont les étudiants qui font des cycles universitaires hors de nos frontières ! Pour ce premier Food Tour, nous avons travaillé avec l’École de Design Nantes Atlantique. Nous formons d’abord les étudiants à l’art de faire de la veille, puis à celui du pitch. Ils partent ensuite en exploration, puis à leur retour, nous organisons une restitution événementielle et ils partagent avec les industriels ce que pourraient être les tendances de demain. La prochaine édition sera réalisée en collaboration avec les étudiants d’ONIRIS, en octobre 2024.

Dernier exemple concret : une action mise en place conjointement avec la Chambre des Métiers et de l’Artisanat des Pays de la Loire. Les consommateurs sont de plus en plus exigeants en matière de transparence, de qualité et de naturalité des ingrédients : le Clean Label est une réponse pertinente face à ces attentes. Mais comment mettre en place cette démarche, quand on est artisan ? Quels ingrédients substituer et par quels autres ? Qu’est-ce que cela implique en termes de process ? Et au niveau réglementaire ? Nous avons accompagné un groupe d’artisans pâtissiers chocolatiers régionaux pour leur donner les clés via différents formats : des conférences sur les tendances alimentaires en pâtisserie, des sessions de formations pour leur apporter des outils concrets et des réponses pratico-pratiques…


En matière d’accompagnement à l’innovation en agroalimentaire, il existe de nombreux acteurs. Comment rendez-vous vos actions lisibles ?

Nous avons vraiment activé le mode « intelligence collective » avec nos confrères. Avec le CTCPA, Ligepack, Ligeriaa, Valorial et Végépolys Valley en lien avec la Région des Pays de la Loire et la DRAAF, nous animons un point bimestriel pour partager les actions et les événements à venir dans chacune de nos structures. L’ambition principale : que nos actions soient complémentaires et véritablement au service des besoins réels des industriels sans doublon et sans manquement sur certains sujets. Cela s’est notamment traduit par la communication début 2023 d’un calendrier annuel partagé auprès des IAA régionales, pour éviter la surdose d’invitations et favoriser la couverture homogène des sujets clés. Nous coordonnons aussi des actions collectives. La dernière thématique en date : les emballages du futur, un sujet central face aux défis climatiques et aux attentes des consommateurs. Ensemble, nous avons réalisé une enquête pour connaître les attentes des IAA et en réponse, nous avons mis en place un plan d’accompagnement commun : un cycle de webinaires partagé, l’accompagnement d’un collectif de maraîchers, la diffusion d’informations clés…


Quelles sont les tendances notables dans les usines agroalimentaires ?

Les usines sont en pleine mutation, nous sommes vraiment à la croisée des chemins. Transition numérique avec l’intégration de l’Intelligence Artificielle, transition écologique avec la revue des approvisionnements, la question des emballages, la gestion des ressources (économies d’eau et d’énergie), transition sociétale et managériale pour répondre au rapport particulier qu’entretiennent les nouvelles générations avec le travail… Sans parler de tout le contexte inflationniste et les crises perpétuelles que nous vivons depuis le Covid qui impactent l’organisation globale et les lignes de production… Bref, tout est en mouvement et c’est passionnant !


Constatez-vous, comme dans d’autres secteurs industriels, des difficultés à recruter ?

Plus que jamais ! On fait face à une véritable pénurie de travailleurs, le marché est hyper tendu. Selon les derniers chiffres de l’INSEE, 70 % de chefs d’entreprises sont en recherche dans notre secteur. C’est lié au plein emploi dans notre région mais aussi à des clichés qui ont la peau dure dans la filière agroalimentaire.

Pour y remédier de manière efficace, nous avons mené une action commune avec Oniris pour mieux comprendre quels étaient les freins à se former et travailler dans l’agro, pour ensuite créer une boite à outils attractivité à fournir aux entreprises et aux écoles. Après 50 micros-trottoirs, des focus group avec Des jeunes, des interviews avec des pros, des écoles, des entreprises, des workshops… nous pouvons donner aux entreprises et aux écoles des clés de compréhension des attentes des jeunes et des outils pour mieux communiquer auprès d’eux. Demain, nous leur fournirons même des vidéos pour les aider à lutter contre les préjugés et à exprimer toute l’innovation portée par la filière.


Et justement, que diriez-vous aux jeunes pour les inciter à se former et à travailler dans l’industrie agroalimentaire ?

Il y a tellement d’avantages ! D’abord, nous sommes dans un secteur qui fait sens : quoi de plus essentiel que notre alimentation ? C’est hyper stimulant de réfléchir à ce que nous allons mettre dans nos assiettes demain, aux nouveaux usages… Ensuite, contrairement à l’image que certains en ont, le secteur est très innovant, il se transforme et évolue continuellement, avec de nouveaux métiers, par exemple, autour de la data. Enfin, c’est une filière qui fait confiance à la jeunesse : plus de 62 % des offres demandent une expérience inférieure à 3 ans ! D’autant que les opportunités sont nombreuses : d’ici à 2030, plus de 40 % des effectifs actuels partiront à la retraite. C’est le moment d’être acteur et actrice de l’alimentation du futur !

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Publié le 8/11/2023
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