Industriels : Le Mans Innovation et Challenge Compétences sont faits pour vous !

Damien Derouet est le directeur de Le Mans Innovation, la Technopole du Mans et de la Sarthe. Féru d’innovation, son parcours a toujours, de près ou de loin, mêlé ce monde à celui de l’univers industriel. Pour French Fab Challenge, Damien fait le point sur les missions de la Technopole et sur le Challenge Compétences qu’il déploie en Sarthe depuis déjà 3 éditions au profit des industriels et étudiants du territoire.

Vous êtes à la direction de Le Mans Innovation depuis juin 2019. Pouvez-vous nous rappeler les missions de votre Technopole ?

Elles sont au nombre de trois. La principale consiste à accompagner les porteurs de projets à la création d’entreprises innovantes, sur l’ensemble des dimensions nécessaires à leur réussite : le volet technique et technologique bien sûr, mais aussi la stratégie, le droit, la propriété intellectuelle, la marque, les ressources humaines, la finance ou encore la recherche de financements comme les aides à l’innovation de la Région des Pays de la Loire ou BPIFrance… Notre deuxième mission est d’accompagner les entreprises matures ou dites traditionnelles du territoire qui souhaitent aller vers l’innovation, soit parce qu’elles n’ont jamais engagé cette stratégie, soit parce qu’elles veulent aller plus loin. Notre dernier domaine d’activité est le marketing territorial de l’innovation : pour schématiser, faire monter le territoire en compétences sur ce sujet pluriel et stratégique ! Cela passe par la sensibilisation, l’acculturation de divers publics – les scolaires, collégiens, lycéens, les étudiants bien sûr, les entreprises par le biais des clubs – et la coordination d’événements sur des thématiques d’innovation. Le Challenge Compétences est d’ailleurs transverse à nos deux dernières missions : il répond aux besoins d’accompagnement à l’innovation des entreprises matures et d’acculturation des étudiants.

Justement, vous déployez le Challenge Compétences depuis 2020. Quels sont les atouts de ce dispositif ?

Effectivement, cette année, c’était la 3ème édition que l’on déployait, avec 4 sessions soit 12 challenges ! C’est un dispositif que je connais bien car j’ai été responsable du pôle Services aux entreprises innovantes à Laval Mayenne Technopole qui a créé ce dispositif, puis j’y ai participé côté entreprise quand j’ai pris la Direction Générale d’une entreprise mayennaise en 2010. Le déploiement a donc pu être rapide ! Nous travaillons avec les étudiants du Master Économie du Travail et des Ressources Humaines de Le Mans Université et deux écoles d’ingénierie, In&ma et l’ISMANS CESI.

Pour les étudiants, c’est une immersion grandeur nature : ils découvrent une entreprise le lundi matin, puis ils travaillent toute la semaine sur une problématique d’innovation qu’ils ont eux-mêmes détectée et qui peut prendre la forme d’une création de produit / process / service innovant. Le vendredi après-midi, ils restituent le fruit de leurs réflexions grâce à une maquette de leur innovation et des livrables de présentation devant un jury. Leurs retours sont hyper positifs : ils appliquent concrètement, dans la “vraie vie” ce qu’ils apprennent en théorie, ils sortent de leurs formations pour découvrir en profondeur le monde de l’entreprise et plus particulièrement de l’industrie.

Pour les entreprises industrielles, c’est une solution pour toutes celles qui veulent se lancer “dans quelque chose”. Souvent, elles ne savent pas encore quoi, mais il y a un vrai désir d’y aller ! Pour certaines, c’est l’occasion de “réveiller” l’entreprise, pour d’autres, cela relance une idée qui avait déjà été évoquée mais mise de côté, pour d’autres encore, c’est l’occasion concrète de lancer un véritable projet innovant… Sans trahir de secrets, des dossiers sont en cours de financement par la Région et/ou BPIFrance et vont bientôt être lancés sur le marché ! Dans tous les cas, les entreprises vivent le Challenge Compétences comme une expérience très enrichissante, qui cultive leur ouverture d’esprit, leur curiosité et les amène à se poser de bonnes questions.

Cela contribue-t-il à valoriser l’image des entreprises industrielles auprès des jeunes ?

Tout à fait ! Cela provoque un premier échange et cela permet aux étudiants de mettre un pied dans l’industrie et d’en voir les atouts, chose que beaucoup n’auraient pas fait sans ce dispositif. La France est une terre industrielle trop peu connue, alors plus on valorise les pépites de notre territoire, mieux c’est ! D’ailleurs au lieu de parler d’un déficit d’image, je parlerais davantage d’un déficit de notoriété tout court ! Les entreprises industrielles sont discrètes : elles ont leur business, leur terrain de jeu, elles communiquent peu, n’ont pas de marque employeur… et au final, personne ne connaît l’entreprise X ou Y qui réalisent pourtant de très belles choses.
En Sarthe notamment, nous avons un tissu industriel très dense, avec beaucoup de PME, peu d’ETI et seulement quelques grands groupes qui portent la notoriété comme Claas Tractor, GKN, NTN, l’usine Renault, LDC, Yoplait… Nous sommes une terre de sous-traitance mécanique importante. Nous avons aussi beaucoup d’industries agroalimentaires, avec beaucoup de sous-traitants là encore qui travaillent pour elles.

Selon vous, quels sont les enjeux à venir pour ces industriels ?

C’est un peu tarte à la crème, mais le premier, c’est bien l’environnement et la gestion des énergies. Viennent ensuite la numérisation, le traitement des données, l’IA… De manière générale, l’industrie doit s’automatiser et pouvoir se moderniser constamment. L’innovation permet de ne plus subir ces transformations devenues nécessaires et de le faire de manière proactive. La Région des Pays de la Loire propose de nombreux lieux et dispositifs pour rendre l’innovation accessible : les Technopoles évidemment, car ce sont des lieux où convergent les entreprises innovantes et les industries, mais il y aussi les technocampus, les pôles de compétitivité, les dispositifs comme Résolutions… Un dernier enjeu, et de taille celui-là : le recrutement. Pas seulement en quantité, mais aussi en qualité. C’est pour cela qu’il est primordial de faire se rencontrer jeunes talents de demain et industries !

Pour finir, auriez-vous un message à faire passer à ces jeunes pour leur donner envie de faire carrière dans l’industrie ?

Soyez curieux ! Poussez la porte des usines, vous verrez qu’il s’y déroule des histoires fabuleuses et que les salariés y sont particulièrement “chouchoutés”. Les métiers de demain, nous ne les connaissons pas encore, le terrain de jeu est infini, c’est à vous de les inventer. Quoi de plus excitant ?